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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/242

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tifs semi-délirants. Quand des rites combinés avec des instructions s’accompagnent d’états extatiques, cela implique, il me semble, des pratiques mystiques.

À ce propos, on ne peut séparer Eschyle du reste de la pensée grecque du fait qu’il a été initié à Éleusis ; car c’était le cas de pratiquement tout le monde. Diogène le Cynique ne l’a pas été ; cela faisait partie de son cynisme. C’est bien un signe que tout le monde l’était. Je parle de ceux qui comptent.

Il y a dans le Philèbe un passage bien singulier. « C’est un présent des dieux aux hommes, il me semble, qui est tombé du ciel grâce à quelque Prométhée en même temps que quelque feu très lumineux ; et les anciens (παλαιοί), valant mieux que nous et habitant plus près des dieux, nous ont transmis cet oracle ; à savoir que toutes les choses qu’on dit être toujours sont composées de l’un et du plusieurs, et ont comme [propriétés] inhérentes la limite et l’illimité. » (La suite explique que dans chaque sujet de recherche il faut saisir l’idée unique qui le domine, puis passer au « plusieurs », c’est-à-dire poser un certain nombre d’idées permettant de qualifier et ordonner toutes les choses embrassées par cette idée unique ; et ce travail une fois achevé, alors seulement passer à la diversité illimitée des choses en question. Ex. : 1o le son ; 2o le grave et l’aigu, les intervalles, etc. ; 3o les sons. Il dit que les modernes ne savent pas se servir de cette méthode.) Ce passage sonne pythagoricien ; mais les pythagoriciens étaient trop récents pour être ces παλαιοί. Il s’agit donc ou des habitants pré-helléniques de la Grèce, ou d’un pays étranger, sans doute l’Égypte. Mais le ton (dieux, Prométhée, oracle, etc.) suggère une transmission religieuse. Sans doute s’agit-il de l’orphisme ; peut-être, par suite, de la doctrine