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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/258

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(le même que dans d’autres dialogues il assigne à la mathématique !) semble caractéristique à égard. D’autre part, quand il dit, faisant l’éloge de la μανία issue des dieux, que Dionysos inspire la μανία des mystères, cela semble indiquer des pratiques mystiques chez les initiés. Du moins je ne vois pas d’autre interprétation possible. Car il ne s’agit certainement pas d’états semi-délirants ; il ne peut s’agir que d’extase.

Je ne serais pas surprise que l’emploi actuel du mot mystique vînt des premiers auteurs chrétiens, dont certains, tout en polémiquant contre les mystères, aimaient représenter le christianisme comme « le vrai mystère ».

À propos des mystères, on ne peut pas faire de différence entre l’esprit d’Eschyle et celui des autres Grecs du fait qu’il était initié à Éleusis ; car tout le monde pratiquement (ceux qui comptaient) était dans le même cas. Platon fait citer par Socrate une formule des mystères. Que Platon et Pythagore se soient étroitement inspirés des mystères, cela ne semble pas douteux. Hérodote, Sophocle étaient aussi initiés, etc.

Il y a dans le Philèbe une formule bien curieuse. « C’est un présent (il s’agit d’une « route » que Socrate va expliquer) des dieux aux hommes, à ce qu’il me semble, qui est tombé de chez les dieux, grâce à quelque Prométhée, en même temps que quelque feu très lumineux ; et les anciens (παλαιοί), valant mieux que nous et habitant plus près des dieux, nous ont transmis cet oracle ; à savoir que toutes les choses qu’on dit être toujours sont composées de l’un et du multiple et ont la limite et l’illimité [comme propriétés] inhérentes (ξύμφυτον). Il nous faut donc, puisque les choses sont ainsi ordonnées, poser une seule idée chaque fois pour toute