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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/289

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pourtant il y a quelque chose dans la matière non vivante qui fait qu’elle peut être transformée en matière vivante. De même, il y a quelque chose dans la matière qui constitue un corps humain qui fait qu’elle peut être transformée de manière que le comportement physique corresponde à l’aspiration de la pensée vers le bien.

La tendance de tout phénomène à s’étendre est impliquée par la continuité du changement ; en abolissant cette tendance par la pensée on se représente l’arrêt instantané de toutes choses. Galilée, considérant le mouvement droit uniforme comme le phénomène fondamental, l’a exprimée par le principe d’inertie. Tout mouvement droit — c’est-à-dire tout mouvement — tend à se prolonger sans fin à la même vitesse. Ce principe enferme une expansion illimitée, et en même temps une limite, la constance de la vitesse. Mais en un sens l’inertie, impliquant pour tout mouvement une continuation sans fin dans l’espace et dans le temps, implique de l’illimité dans l’espace et dans le temps. La notion d’énergie mécanique implique de l’illimité dans le temps, non dans l’espace. Tout système clos de corps et de forces mécaniques implique un cycle de mouvements indéfiniment recommencés ; car l’accélération qui correspond aux forces accroît la vitesse, donc l’énergie cinétique, et diminue l’énergie potentielle jusqu’au moment où elle est nulle, moment où, par l’effet de l’inertie, tout recommence en sens inverse. Il en est ainsi du système formé par la terre et une balle parfaitement élastique lâchée d’une certaine hauteur. La dégradation de l’énergie apporte une limite dans le temps. Quand, dans un système clos, le mouvement s’est changé en chaleur et qu’une température uniforme s’est établie, plus rien ne peut se produire.