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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/42

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science : Quae omnia distinguimus, nos qui rerum cognitionem evidentem et distinctam quaerimus, non autem Logistae, qui contenti sunt, si occurrat illis summa quaesita, etiamsi non anidmadvertant quomodo eadem dependeat ex datis, in quo tamen uno scientia proprie consistit[1]. (X, p. 458.) Savoir qu’on ne peut savoir est science aussi bien : Rem quaesitam omnem humani ingenii captum excedere demonstrabit, ac proinde non se idcirco magis ignarum esse arbitrabitur, quia non minor scientia est hoc ipsum quam quodvis aliud cognovisse[2]. (X, p. 400.) L’ordre est toute la science, et la méthode cartésienne — les Regulae le répètent sans cesse — ne concerne que l’ordre. Il n’y a de problèmes que parce que souvent ce sont les éléments les plus composés d’une série qui nous sont donnés, alors que les plus simples nous restent inconnus ; l’esprit doit alors procéder selon sa démarche propre, en parcourant ces éléments, connus ou non, selon la série. « Ainsi, voulant résoudre quelque problème, on doit d’abord le considérer comme déjà fait, et donner des noms à toutes les lignes qui semblent nécessaires pour le construire, aussi bien à celles qui sont inconnues qu’aux autres. Puis, sans considérer aucune différence entre ces lignes connues et inconnues, on doit parcourir la difficulté selon l’ordre qui montre, le plus naturellement de tous, en quelle sorte elles dépendent mutuellement les

  1. « Tout cela nous le distinguons, nous qui cherchons une connaissance évidente et distincte des choses, mais non les Calculateurs, qui sont satisfaits, pourvu qu’ils trouvent la somme cherchée, sans remarquer même comment elle dépend des données, alors que c’est là cependant la seule chose qui constitue vraiment la science. »
  2. « Il démontrera que ce qu’il cherche dépasse les bornes de l’intelligence humaine, et par suite il ne s’en croira pas plus ignorant, parce que ce résultat n’est pas une moindre science que la connaissance de quoi que ce soit d’autre. »