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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/43

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unes des autres. » (VI, p. 372.) Ainsi comprise, la mathématique prend un véritable intérêt, alors que, selon la méthode d’explication classique, elle n’en avait, aux yeux de Descartes, aucun ; et il ne s’étonnait pas, dit-il dans les Regulae, si bien des gens habiles les dédaignent comme puériles et vaines, ou comme trop compliquées. Nam revera nihil inanius est, quam circa nudos numeros figurasque imaginarias ita versari, ut velle videamur in talium nugarum cognitione conquiescere[1]… (X, p. 375.) Aussi cette mathématique nouvelle vaut-elle la peine d’être cultivée, non parce qu’elle nous procure, au sujet de nombres ou de figures imaginaires, ces connaissances que Descartes traite de bagatelles, et qui ne sont, dit-il, que l’amusement de calculateurs ou de géomètres oisifs, mais parce qu’elle est comme l’enveloppe de la vraie science, seule digne d’être cultivée. Ce qui ressort aussi des Regulae : Quicumque tamen attente respexerit ad meum sensum, facile percipiet me nihil minus quam de vulgari Mathematica hic cogitare, sed quandam aliam me exponere disciplinam, cujus integumentum sint potius quam partes. Haec enim prima rationis humanae rudimenta continere, et ad veritates ex quovis subjecto eliciendas se extendere debet ; atque, ut libere loquar, hanc omni alia nobis humanitus tradita cognitione potiorem, utpote aliarum omnium fontem, esse mihi persuadeo[2]. (X, p. 374.) Puisque la science

  1. « Car, en vérité, rien n’est plus vain que de s’occuper de nombres vides et de figures imaginaires, au point de paraître vouloir se complaire dans la connaissance de pareilles bagatelles. »
  2. « … Quiconque considérera attentivement ma pensée s’apercevra facilement que je ne songe nullement ici aux Mathématiques ordinaires, mais que j’expose une autre science, dont elles sont l’enveloppe plus que les parties. Cette science doit en effet contenir les premiers rudiments de la raison humaine et n’avoir qu’à se développer pour faire sortir des vérités de quelque sujet que ce