Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/213

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pont ; puis, nous remontions la côte ; puis, nous nous accordions jusqu’au prochain village.

Et quand la peur nous prenait et que nous consentions à nous arrêter, nous grimpions sur un coteau, et de là, au loin, entre les plis des terrains, le long des coudes de la route, nous suivions le régiment, nous le regardions se perdre et s’effacer, avec ses mille petites flammes, dans la lumière éclatante de l’horizon.

Ces jours-là, on se souciait bien du collège ! On faisait l’école buissonnière, on s’amusait à tous les tas de cailloux. Et il n’était pas rare que la bande descendît à la rivière et s’y oubliât jusqu’au soir.

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Dans le Midi, les soldats sont peu aimés. J’en ai vu pleurer de lassitude et de rage, assis sur les trottoirs, leur billet de logement à la main : les bourgeois, les petits rentiers pointus, les gros négociants épaissis, n’avaient pas voulu les recevoir. Il fallait que l’autorité s’en mêlât.

Chez nous, c’était la maison du bon Dieu. Ma grand’mère, qui était Beauceronne, riait à tous ces enfants du Nord qui lui rappelaient le pays. Elle causait avec eux, leur demandait le nom de