Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/35

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Cependant, la lune tournait, éclairait déjà un coin de la nappe. Alors, Adeline, épouvantée, aperçut sur cette nappe une tête qui la regardait, dans ce coin éclairé. Elle se laissa glisser, se mit de l’eau jusqu’au menton, croisa les bras comme pour ramener sur sa poitrine tous les voiles tremblants du bassin, et demanda d’une voix frémissante :

— Qui est là ?… Que faites-vous là ?

— C’est moi, madame, répondit tranquillement le comte Octave…. N’ayez pas peur, je prends un bain.


IV


Il se fit un silence formidable. Il n’y avait plus, sur la nappe d’eau, que les ondulations qui s’élargissaient lentement autour des épaules d’Adeline et qui allaient mourir sur la poitrine du comte, avec un clapotement léger. Celui-ci, tranquillement, leva les bras, fit le geste de prendre une branche de saule pour sortir de l’eau.

— Restez, je vous l’ordonne, cria Adeline d’une voix terrifiée… Rentrez dans l’eau, rentrez dans l’eau bien vite !