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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.

longtemps, on reconnaît que divers auteurs juifs, postérieurs à l’ère chrétienne, faisaient usage du livre d’Enoch. Grabe (Spicilegium Patrum, I, 345) observe qu’aux siècle, Rabi Menahem de Recanati lui empruntait des idées ; et Jellineck (Zeitschrift der deutschen morgenl. Geselschaft, t. VII, p. 249) a réuni les passages d’auteurs juifs qui citent formellement le livre d’Enoch, ou du moins qui lui empruntent des images et des pensées.

Le livre d’Enoch est mentionné dans les Testaments apocryphes des patriarches (Voy. Testament de Lévi, ch. 14 et 16 ; de Judas, ch. 18 ; de Benjamin, ch. 9[1]. Un auteur arabe, cité par Hottinguer, Hist, orient. 1. 1, ch. 3, dit que Dieu lui envoya trente volumes.

Dans un ouvrage fort goûté au moyen Age, la Disciplina clericalis de Pierre Alphouse, on trouve, ch. 2, une sentence attribuée à Enoch, et que nous ne retrouvons pas dans le livre que nous possédons.

Citons le texte original de la Disciplina : « Enoch philosophus qui lingua Arabica cognominatur Edris, dixit filio suo : Timor Domini sit in negotiatione tua el veniet tibi lucrum sine labore (p. 34 ae l’édition de W. V. SCHMIDT, Berlin," 1827, in-4°; voir aussi la note p. 90).

Oublié depuis plusieurs siècles, et mentionné seulement par quelques érudits initiés aux études bibliques, l’ouvrage dont nous parlons a provoqué, depuis une trentaine d’années, plusieurs écrits spéciaux.

Un journal littéraire, imprimé à Londres, le Fraser's Magazine, contenait dans son n° 48.(novembre, 1833), un article sur le livre d’Enoch, à l’occasion de la seconde édition du travail de Laurence ; il offrait une analyse (accompagnée de divers extraits) de cette composition, comme renfermant de très-grandes beautés et comme étant le plus magnifique des livres apocryphes. » Ce qui se rapporte aux anges déchus et aux archanges qui voient la quantité de sang répandue sur la terre, paraft grandiose à l’auteur anonyme de l’article dont nous parlons. I' signale comme une circonstance remarquable, l’absence de miracles dans ces récits ; il les rapproche des écrits de quelques poètes anglais qui ont traité des sujets empruntés à l’histoire antérieure au déluge ; un style parfois empreint d’affectation et de boursouflure nuit à ces considérations littéraires qui ne sont pas sans intérêt.

La publication du docteur Laurence provoqua l’apparition de divers écrits qui n’ont guere attiré l’attention du monde savant ; on vit paraître presque simultanément :

Enoch restitutus, or an attempt to separate from the books of Enoch, the book coted by saint Jude, by Edw. Murray. The genuineness of the book of Enoch investigated by D. M. Bult. An Inquiry into the truth and use of Enoch, investigated as to its prophecies, visions and account of fallen angels, by John Overton, 1822.

Il n’entre pas dans notre plan de discuter ici ce qui concerne le patriarche Enoch ; tous les interprètes de la Bible s’en sont occupés. On consultera avec fruit pour connaître l’état entier de la question avant la découverte du texte éthiopien, la dissertation de dom Calmet, plusieurs fois réimprimée, notamment p. 363 403 du dernier volume de la Bible dite de Vence, 1767, et dans l’édition de 1822, t. XXIII, p. 602-620.

Les Exercitationes 9 et 10 de l’Historia patriarcharum d’Heidegger (Zurich, 1680, t. I, p. 252-278), sont relatives à Enoch ; et Fabricius (t. I, p. 160-223) a recueilli à son égard et à celui de ses écrits, un grand nombre de passages éparpillés dans divers auteurs.

Des idées étranges sur Enoch, qui le présentent comme en état de révolte contre Adam, ont cours parmi les Druses (Voy. Silvestre de Sacy, Exposé de la religion des Druses, t. II, p. 129 et suiv.)

Disons en terminant cette notice préliminaire, qu’il se trouve à Rome, au Vatican, un manuscrit du livre d’Enoch ; M. Renan qui l’a examiné, nous apprend (Journal asiatique, t. XV, 1850, p. 293,) qu’il a peu d’intérêt en lui-même, parce que ce n’est qu’une copie faite en Europe du livre rapporté par Bruce, et dont les originaux sont à Paris et à Oxford, mais il est accompagné d’une dissertation et d’une traduction latine de Giorgi, qui ne laisse pas d’avoir quelque intérêt. G. B.


DISSERTATION PRELIMINAIRE[2].


Le livre apocryphe d’Enoch a été dans le dernier et avant-dernier siècle, un sujet fécond de critiques et de discussions théologiques. L’honneur d’avoir été cité par un écrivain du Nouveau Testament(242) augmentait encore le regret de ne pouvoir decouvrir un trésor que l’on croyait perdu à tout jamais. On savait qu’il avait été connu jusqu’au vin siècle de l’ère chrétienne, mais on savait aussi qu’après cette époque on n’en avait plus entendu parler.

Enfin, un fragment considérable fut découvert par Scaliger, dans la Chronographie de Georges Syncelle, qui n’avait pas encore
  1. Nous rapportons ces citations d’après le Codex pseud. V. Test : de Fabricius : Et nunc, filii, cognovi ex scriptura Enoch, quoniam in fine impie agetis (p. 577). Et nunc cognovi in libro Enoch, quoniam septuaginta hebdomadas errabitis (p. 581). Quoniam et legi in libris Enoch justi quod male facietis in extremis diebus (p. 609). Intelligo autem ex sermonibus Enoch justi, et actus in vobis malos fore (p. 737).
  2. Cette dissertation est traduite de l’anglais du docteur Laurence.