Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
563
564
DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

cette iniquité dès le commencement de la captivité.

72. Lorsque je les eus entendus parler de la sorte, je déchirai mon manteau[1] et ma tunique[2], je m’arrachai les cheveux de la tête et les poils de la barbe, et je m’assis tout abattu de tristesse[3].

73. Alors tous ceux qui furent touchés des paroles du Dieu d’Israël, s’assemblèrent autour de moi pendant que je pleurais sur ce violemment de la loi ; et dans la profonde tristesse où j’étais, je demeurai assis jusqu’au sacrifice du soir[4].

74. Puis me levant du jeûne[5], et ayant mon manteau et ma tunique déchirés[6], je me mis à genoux et j’étendis mes mains vers le Seigneur,

75. et je lui dis : Mon Dieu, je suis dans la confusion, et j’ai honte de lever les yeux devant vous,

76. parce que nos péchés se sont élevés par-dessus nos têtes, que nos iniquités sont montées jusqu’au ciel,

77. Et que depuis le temps de nos pères jusqu’à ce jour nous n’avons point cessé de Vous offenser.

78. C’est pour cela que nous avons été livrés, nous, nos frères et nos prêtres, entre les mains des rois étrangers, et que nous avons été abandonnés, comme nous le sommes encore aujourd’hui, à l’épée, à la servitude, au pillage et à la confusion.

79. Et maintenant, Seigneur, combien est grande la miséricorde que vous nous faites de nous avoir laissés, nous qui sommes les rejetons de votre peuple ; de nous avoir donné un établissement dans le lieu saint ;

80. d’avoir relevé la gloire et l’éclat de votre maison sainte, et de nous avoir nourris pendant tout le temps de notre esclavage.

81. Car notre Dieu ne nous point abandonnés pendant que nous avons été dans une terre étrangère ; mais il nous a fait trouver grâce devant les rois de Perse, et leur a inspiré de nous donner les choses nécessaires à la vie ;

82. de relever le temple, de rétablir Sion, qui avait été longtemps déserte et abandonnée, et de nous rétablir enfin dans Jérusalem et dans tout le pays de Juda.

83. Et maintenant, ô mon Dieu, que dirons nous après tant de grâces ? Car nous avons violé les commandements que vous nous aviez donnés par les prophètes vos serviteurs,

84. en nous disant : La terre que vous allez posséder comme votre héritage est une terre impure, comme l’ont été celles de tous les autres peuples, et elle est remplie des ordures et des abominations dont ils l’ont couverte depuis une extrémité jusqu’à l’autre.

85. C’est pourquoi[7] ne donnez point vos filles à leurs fils ; ne prenez point leurs filles pour les faire épouser à vos fils,

86. Et n’ayez jamais la paix avec eux, afin que, devenant puissants, vous mangiez en repos les biens de cette terre, et qu’après vous vos enfants en héritent et en jouissent pour jamais.

87. Tous ces maux nous sont arrivés à cause de la malignité de nos œuvres et de l’énormité de nos péchés.

88. Vous nous aviez rendu notre première splendeur[8]; et nous avons de nouveau transgressé votre loi, en prenant part à toutes les abominations des nations étrangères.

89. Vous mettrez-vous donc en colère contre nous, jusqu’à exterminer entièrement votre peuple[9]?

90. Seigneur Dieu d’Israël, vous êtes véritable dans vos promesses, nous sommes aujourd’hui les seuls restes véritables de la nation choisie[10].

91. Vous nous voyez abattus en votre présence dans la vue de nos iniquités : car, après ces excès, nous ne pouvons plus subsister devant votre face.

92. Lorsqu’Esdras[11] priait de cette sorte, qu’il implorait la miséricorde de Dieu, qu’il répandait des larmes, et qu’il était étendu par terre devant le temple, une grande multitude d’hommes, de femmes, de jeunes garçons et de jeunes filles, s’assembla autour de lui ; et tous ensemble ils pleurèrent amèrement.

93. Alors Jéchonias, fils de Jéhéli[12], élevant sa voix dit à Esdras[13] : Nous avons violé la loi de notre Dieu, nous avons épousé
  1. Litt. : Mon vêtement. On a suivi dans la version le texte de la Vulgate du Ier liv. d’Esdr. ix, 3.
  2. Litt. : Ma tunique sacrée ; c’est-à-dire la robe sacerdotale dont les prêtres étaient ordinairement revêtus. Il est dit liv. I Esdr. vii, qu’Esdras était prêtre ; ce même livre, ix, 3, porte seulement ma tunique.
  3. Ces marques de douleur sont fréquentes dans l’Écriture, et encore en usage parmi les Juifs.
  4. On offrait tous les jours un holocauste le matin et un autre le soir (Exode xxix, 39). Il s’agit ici de celui du soir. Josèphe dit (Antiq., 1. xiv, c. 7) qu’il se faisait à l’heure de None. Le mot hébreu de l’Exode, xxix, 41, insinue que c’était vers le coucher du soleil.
  5. Ceci prouve que les Juifs prolongeaient leurs jeunes jusqu’au soleil couché. Encore maintenant.
  6. La Bible de M. Glaire traduit : Mes tuniques déchirées, quoiqu’il ne soit question que d’une unique, tunica, dans I Esdras, ix, 5, comme ici.]
  7. Deut. vii, 3.
  8. Litt. : Vous nous aviez donné une telle racine ; c’est-à-dire un ferme établissement. – Voy. la note sur le vers. suivant.
  9. Litt. : Jusqu’à ce qu’il ne reste de nous et de notre nom ni vestige ni racine.
  10. C’est-à-dire que ce qui restait alors d’Israélites vérifiait les prophéties, par lesquelles le Seigneur avait assuré dans sa colère même que, quoiqu’il eût résolu de punir son peuple, cependant il ne le détruirait pas entièrement. Voy. Jerem. v, 18, et xxiv, 6.
  11. Ce qui est dit, depuis ici jusqu’à la fin du chapitre, est extrait et copié sur I Esdr. x, 1-5.
  12. Autr. : Séchénias, fils de Jéhiel ; ainsi Esdr., ibid., verset 2, qui ajoute : l’un des enfants d’Elam ; ce qui fait croire qu’il était de ceux de la famille d’Elam, qui étaient venus avec Esdras, et dont ce prêtre historien parle au chap. viii, 7, auquel le viii, 56, ci-dessus est parallèle.
  13. Séchénias parle ici au nom des coupables, sans l’être lui-même ; son nom ne se trouve pas dans