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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/418

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

« Nous, nous sommes des femmes, nous ne nous battons pas ! »

Deux messagers, qui ont reçu cent coudées de toile blanche pour se faufiler jusqu’à Kabara, partent aussitôt. Avant le lever du soleil ils sont de retour. Un des Tombouctiens qui accompagnent les canonnières a lu et traduit à l’interprète des blancs la lettre du cadi, puis a écrit, au nom du commandant, la réponse suivante :

« Je sais que tous les hommes à cheval et armés de lances étaient des Touaregs. Mais ceux qui ont tiré des coups de fusil habitent Tombouctou. Pourquoi nous ont-ils attaqués avant de savoir ce que nous voulions ? Ce n’est pas ainsi que l’on doit accueillir les gens dont on ne connaît pas les intentions. Les nôtres étaient bonnes. Cependant ce qui est passé est passé. Je veux m’entretenir avec vous. Envoyez-moi demain des notables de votre ville pour palabrer. »

Le lendemain, de grand matin, les Touaregs rentrent à Tombouctou. Un notable, Alfa Saïdou, chef du quartier de Ghinghéréber, les interroge. « Nous vous payons impôt. Vous devez donc nous défendre. Voilà les blancs. Que comptez-vous faire ? — Faites comme vous pourrez, lui répond-on. Les Tenguéréguifs ne sont pas les seuls maîtres ici. D’autres tribus se partagent l’impôt avec nous. Nos gens ne doivent pas être seuls à se battre et à se faire tuer. Du reste, nous venons d’apprendre qu’une colonne française vient à l’ouest du côté de Goundam où sont nos troupeaux et nos femmes. Nous allons les protéger et nous partons. »

Les Touaregs ayant quitté la ville, autorités et notables s’assemblent dans la mosquée de Sidi Yahia après la prière du coucher du soleil. On décide de se rendre au désir du commandant. Deux délégués sont choisis. La lettre qui les accrédite répète qu’ils sont des commerçants et non des combattants, que si le commandant veut attendre la réponse du sul-