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Miorec de Kerdancet et autres, c’est la Terre de la Ronce, en souvenir des buissons qui couvraient le pays avant que la civilisation n’y eût pénétré. L’origine, c’est un monastère et c’est un château, comme pour la plupart des villes de Bretagne. Le bourg actuel s’étage sur une colline de 250 mètres de haut. Il se groupe autour d’un champ de foire, d’une petite place où étaient autrefois les Halles, et de trois ou quatre rues qui se développent en amphithéâtre, bordées de maisons d’un aspect noirâtre, dont quelques-unes sont datées des xvie et xviie siècles. L’église dédiée à N.-D. du Roncier, — car ici comme à Josselin, on a trouvé une vierge enfouie dans les buissons, — est du xvie siècle, sauf le portail et le clocher qui portent les dates de 1749 et 1776. L’ensemble massif a bon air, et je passe, en somme, une soirée acceptable à entrer dans quelques boutiques, à me promener sur la grande place irrégulière où erre une innocente qui déclame et gesticule au milieu des curieux.

LE BOURG DE GLOMEL, IMPORTANT PAR SA SITUATION AU-DESSUS DU CANAL DE NANTES À BREST.
LE CANAL À GLOMEL, CRÉÉ DE 1823 À 1836.

Pour aller de Rostrenen à Glomel, on suit la route de Morlaix jusqu’au delà du hameau de Lanhellen, puis un chemin, à gauche, qui franchit le canal de Nantes à Brest au-dessus de Trébel, puis s’encaisse jusqu’au bourg. Déjà, de ce côté, le paysage est impressionnant, touffu et noir, avec ses haies d’arbres, ses bouquets de verdures, ses habitations basses ensevelies dans le feuillage, entourées de meules de sarrasin, de tas de fumier. L’air salubre parcourt tout cela, disperse les odeurs, les coups de vent balaient l’espace sans se heurter à aucun obstacle, car le pays n’est guère dominé que par les hauteurs avoisinant l’étang de Coron. J’arrive au bourg qui est doux et humble, fait de quelques ruelles et d’une longue et large rue où les maisons vont à la débandade. Les maisons, bâties en pierres et recouvertes d’ardoises, ont un aspect tranquille et suffisamment confortable. Dans l’église, l’aigle du lutrin tient solidement un serpent en son bec. Le point central groupe quelques boutiques de petits commerçants : épicerie, mercerie, tabac, boulangerie. Sur le pas d’une porte, un homme couleur de farine, chaussé de sabots. C’est un ouvrier boulanger dont le patron habite Rostrenen et lui a confié la ma-