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Un jour ou deux après notre arrivée, M. Mac Kay rentrait à Kamloups. Il eut la bonté de s’engager à nous trouver des chevaux et à nous accompagner jusqu’à Yale, où le Fraser devient navigable. M. O’B., qui ne pouvait plus résister à son désir de jouir des plaisirs d’une civilisation plus raffinée, résolut de partir immédiatement pour Victoria le sac sur le dos.

Le 8 septembre, nous quittâmes Kamloups sous la direction de M. Mac Kay, et en compagnie de M. et de Mme Assiniboine, de leur fils et d’un autre Indien. Nous nous étions décidés à conduire nos pauvres compagnons à Victoria ; car, si L’Assiniboine avait jadis visité l’établissement de la rivière Rouge, sa femme ni son fils n’avaient jamais rien vu en fait de cités que les postes de la Compagnie de la baie d’Hudson.

Nous passâmes la Thompson à l’extrémité du lac de Kamloups, puis nous entrâmes dans la vallée de la Bonaparte ; là nous rencontrâmes la route du Caribou à Yale. Elle n’est pas encore achevée. Nous observâmes, chemin faisant, avec admiration les curieuses terrasses qui donnent un caractère si particulier au pays où coulent la Thompson et le Fraser. Elles s’étendent sur un espace de plus de trois cents milles jusqu’aux Cagnons au-dessus d’Yale. Ces banquettes, comme on les appelle ici, sont parfaitement nivelées, et atteignent exactement la même hauteur sur les deux rives du fleuve. Ce sont de véritables plaines, et, en beaucoup d’endroits, elles forment trois étages. Le plus bas des trois, où la vallée prend son développement, présente une surface parfaitement plate qui a souvent plusieurs milles d’étendue, et s’élève de quarante à cinquante pieds au-dessus du niveau de la rive du fleuve, par un escarpement qui rappelle la face du terrassement d’un chemin de fer. Plus haut, le second étage s’élève de soixante soixante-dix pieds au-dessus de l’inférieur, et a rarement plus de quelques acres en étendue. Le troisième ou le plus élevé, qui peut être à quatre ou cinq cents pieds de distance de l’eau, est marqué à une hauteur inaccessible sur le flanc des montagnes qui descend vers le fleuve.

Arrivée de mineurs dans une auberge du Caribou. — Dessin de Émile Bayard d’après MM. Milton et Cheadle.

L’or qu’on trouve sur toutes ces terrasses le long du Fraser est de la plus belle espèce ; c’est ce qu’on appelle l’or en farine ; mais il n’y est pas en quantité suffisante pour attirer encore les mineurs du Caribou.

Peu après être revenus au bord de la Thompson, nous arrivâmes à une place où une portion de la route n’était pas encore faite. Un assez grand nombre de Chinois étaient occupés à la niveler. Leurs figures étranges, leurs chapeaux aux larges bords, et leurs longues et minces queues amusèrent beaucoup nos Assiniboines. Huit à dix milles de marche nous amenèrent au point où la route se transporte sur la rive gauche de la Thompson. Cet endroit s’appelle le Bac de Cook.