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et permettent d’amener dans les tailles la roche stérile qu’on n’y rencontre pas en assez grande abondance.

Les couches de houille exploitées sont au nombre de deux, et ont douze à seize mètres d’épaisseur. Jadis on n’en connaissait qu’une. Elles sont quelquefois divisées, rompues par des barres et des nerfs de grès et de schiste. Elles donnent un combustible dont les qualités varient suivant la couche qui le fournit et les points d’où on l’extrait, comme si la nature de la houille avait dû changer avec l’exposition des plantes qui l’ont formée. Les houilles flambantes bonnes pour la grille et les fours à briques ; les houilles grasses, collantes, destinées à la maréchalerie, à la fabrication du coke, du gaz ; les houilles sèches, dures, à courte flamme, recherchées par les fours à chaux, etc. : toutes ces variétés, de combustible se rencontrent dans les mines de Blanzy et du Montceau. La deuxième couche est de qualité sensiblement plus grasse que la première, et fournit les charbons à coke. Nous avons vu qu’une partie de ces houilles était dirigée sur le Creusot. Une verrerie consomme sur place une autre partie des charbons extraits. La plus grande quantité est expédiée à Chalon par le canal du Centre. L’usine à gaz de cette ville et celle d’Autun emploient uniquement la houille du Montceau.

L’atelier de lavage des charbons est parfaitement installé ; sur des cribles mécaniques la houille est séparée des parties stériles qui la salissent. Les menus purifiés sont ensuite mêlés à du brai, et comprimés en briquettes pour le service des locomotives et de toutes les machines à vapeur.

Les mines fournissent à peu près 450 000 tonnes par an de houilles de différentes sortes. Elles occupent environ 3 000 ouvriers, hommes, femmes ou enfants. Tous les ouvriers sont logés dans des cités fondées sur le type de celles dont nous avons parlé précédemment. Ils jouissent des mêmes avantages que les ouvriers des compagnies voisines du Creusot et d’Épinac. Il est même bon de rappeler, à propos de toutes ces institutions philanthropiques créées en faveur des mineurs, que Blanzy a donné un des premiers l’exemple. Dès 1834, la compagnie exploitante établissait sur ses mines une caisse de secours, et songeait à loger ses ouvriers. Elle a fondé tour à tour quatre cités, et adopté définitivement le type des maisons isolées. Un magasin de denrées alimentaires a été aussi organisé en 1847. Les principales substances qui forment la base de l’alimentation du mineur, le blé, la farine, les salaisons, l’huile, etc., sont livrées à prix coûtant. Enfin, en 1854, une caisse de retraite en faveur des vieux ouvriers est venue compléter l’institution de la caisse de secours.


Coupe entre le bassin houiller du Creusot et celui de Montchanin. — Dressée par L. Simonin et Ed. Dumas-Vorzet d’après les documents officiels.

Parmi les cités bâties pour les mineurs, la plus nouvelle, celle qui compose le village dit des Alouettes, se rattache directement au Montceau : on croirait voir une de ces cités américaines qu’un jour voit naître au milieu des déserts quand les énergiques pionniers du Far-West, s’éloignant toujours davantage des bords du Mississipi, font un pas de plus vers la colonisation des prairies et des forêts vierges. Ici, comme en Amérique, on a bâti l’église et l’école en même temps que les maisons. Il ne manque plus qu’un journal pour que la similitude soit complète ; mais nos mineurs ne lisent pas encore autant, ne s’occupent pas surtout autant de politique que les citoyens yankees. Et puis le préfet de Saône-et-Loire aurait-il bien autorisé la fondation d’un journal au milieu d’un groupe d’ouvriers ?

La compagnie de Blanzy, comme celle du Creusot, fait des concessions de terrains et des avances aux ouvriers qui veulent se construire eux-mêmes leur demeure ; enfin elle décerne chaque année un prix au logement le mieux tenu. Cette mesure a établi une grande émulation entre les divers ménages, et provoqué chez ces rudes mineurs le goût du confort, du bien-être, l’amour du foyer domestique que d’habitude nos ouvriers n’ont guère, bien différents en cela des ouvriers anglais et allemands.

Il est inutile de s’étendre davantage sur un sujet déjà abordé dans les chapitres précédents. Nous ne sommes point ici le coryphée des compagnies. Nous applaudissons à tout ce qui est louable, nous disons ce que nous avons rencontré de bien sur notre route ; mais nous devons nous interdire les détails superflus, et surtout les redites.

À plus forte raison n’accepterions-nous pas le reproche d’être avec l’exploitant contre l’ouvrier, et de