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fiant magicien. Cependant Spencer, dans sa Fairy Queen, place la grotte de Merlin dans les bosquets touffus de Dynevor, à quelques milles plus haut dans la vallée de Towy ; les Bretons de France la revendiquent aussi pour leur pays. Nous ne pouvons que renvoyer au charmant récit de M. de la Villemarqué dans son Étude sur le Barde gallois.

« Quand Merlin revint vers Viviane, les églantiers étaient en fleurs, au bord de la forêt, comme lorsqu’il vit son amie pour la première fois. Ce qui désolait Viviane, c’était l’idée de le voir la quitter encore ; vainement elle chercha les moyens de le retenir ; alors elle eut recours à Merlin, et lui demanda comment emprisonner quelqu’un sans pierre, sans bois et sans fer, et seulement par enchantement. Merlin, quoique avec peine, lui apprit comment elle devait s’y prendre, et Viviane en fut si ravie qu’elle redoubla ses tendresses. Un jour qu’ils se promenaient ensemble, ils trouvèrent un grand buisson d’aubépine, tout chargé de fleurs. Ils s’assirent sous son ombre, et Merlin, la tête appuyée sur les genoux de Viviane, ne tarda pas à s’endormir. Elle se leva alors et tourna neuf fois son écharpe autour du buisson, en faisant neuf enchantements que Merlin lui avait appris. Quand ce dernier ouvrit les yeux, tout avait disparu pour faire place à un château enchanté, et, couché sur un lit de fleurs, il se vit prisonnier d’amour de Viviane ; « Ah ! Viviane ! s’écria-t-il, je croirais que vous avez voulu me tromper, si vous me quittiez jamais ! — Mon doux ami, répondit-elle, pourriez-vous le croire ? pourrais-je vous quitter jamais ! »


Cimetière gallois. — Dessin de Grandsire d’après M. A. Erny.

Tout rappelle Merlin à Caermarthen. Si l’on traverse la rue du Prieuré ; dans un coin, un chêne tout couvert de chaux blanche et semblable à un beau vieillard s’offre à la vue. Si l’on s’arrête curieux et étonné, et qu’on demande quel est ce squelette blanc, les vieux habitants répondront que c’est l’arbre de Merlin, et qu’ils en couvrent les branches de chaux pour le conserver, car le prophète gallois a prédit : que, du jour où les rameaux de ce chêne tomberaient, le comté de Caermarthen serait inondé. Le peuple croit religieusement à cette tradition, et personne n’oserait porter une main sacrilége sur ce tronc vénéré.

Dans tous ces environs, comme dans beaucoup d’autres parties des Galles du Sud, s’est conservé l’usage des biddings aux mariages. Cette coutume a une grande ressemblance avec celle du pays breton, où chaque invité apporte un cadeau au marié et à la mariée, et marche en procession en tenant son offrande à la main. Le bidding est une invitation envoyée par un jeune couple à ses amis et voisins, pour les prier d’assister à leur union, et les engager à contribuer à l’achat des objets nécessaires aux jeunes époux. Chaque don de