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ralement deux à deux en les superposant : ils ne paraissent former qu’un seul meuble. Enfin chacun suspend ses vêtements à de longs bâtons de plus d’un mètre, souvent décorés de peintures, soieries, cuivre, etc. Ajoutons, pour compléter nos renseignements sur l’ameublement d’une habitation coréenne, qu’on y trouve tous les ustensiles nécessaires au ménage, soit en pierre, soit en bois, en poterie ou en métal.

À ce sujet je ferai remarquer au lecteur que les vases en cuivre ne s’emploient jamais qu’en hiver, à cause de l’odeur qu’ils dégagent en été, où ils sont remplacés par ceux en porcelaine, en faïence, en grès, etc. La céramique ancienne, en ces différents genres, jouit d’une grande réputation chez les Chinois et particulièrement chez les Japonais, qui affirment être redevables aux Coréens de cette industrie, qu’ils ont poussée depuis à un si haut degré artistique. Les plus vieilles pièces que j’aie rapportées dans ces différents genres de production se distinguent par la simplicité de leur forme un peu lourde, l’unité de leur couleur, souvent verdâtre, grise, rousse et quelquefois blanche, enfin leur superbe glacis. Les dessins qui les ornent quelquefois sont purement géométriques ; nous y reviendrons plus tard. Quant aux échantillons de poterie moderne, ils rappellent comme forme et décoration nos produits européens. Un de nos dessins reproduit la façon dont le potier coréen procède de nos jours.

Le parquet des maisons est ici, le plus souvent, couvert de papier huilé pour empêcher la fumée des cheminées souterraines de pénétrer par des fissures dans l’appartement. Le papier sert, du reste, à tous les usages de la vie : on en fait des vêtements, des chapeaux, des chaussures, des carquois, des éventails, des ombrelles et des paravents, aussi bien que des lanternes, des vases, des boîtes, des portefeuilles et des jouets d’enfants d’un goût exquis. L’écrivain, le dessinateur et le peintre l’utilisent directement, ou bien accolé à un tissu de soie d’une extrême finesse. Enfin on l’emploie pour l’impression, et les caractères et les dessins ainsi tirés sont d’une rare venue typographique. Le papier coréen dépasse de beaucoup tout ce que la Chine et le Japon ont produit de mieux dans ce genre. On le fabrique, pour les qualités supérieures, avec de l’écorce de mûrier, et il se présente, suivant le travail qu’on lui a fait subir, sous les aspects les plus divers comme couleur, granulation et finesse. Sa solidité n’a d’égale que sa souplesse : c’est le premier papier du monde.

Palanquin. — Gravure de Maynard, d’après une photographie.

On nous montre encore quelques échantillons d’objets ayant rapport à l’éclairage : flambeaux en bois, en marbre, en bronze, en niellé, aux formes les plus variées. Quant aux lanternes, elles sont encore plus bizarres ; j’en ai rapporté quelques spécimens intéressants. Nous avons enfin recueilli de très curieuses armes anciennes et modernes, des instruments de musique, des étoffes brodées, des bois sculptés, des bronzes d’art et des bijoux de haut goût, prouvant que le Coréen n’ignore rien des arts les plus délicats et sait y mettre un caractère personnel.

Il ne nous reste plus, pour clore notre journée, qu’à faire assister le lecteur à la fabrication de quelques-uns de ces objets par de nouveaux dessins, où l’artiste coréen nous montre, au milieu de leur travail, le vannier, le fondeur, le tourneur en Cuivre, etc., et à compléter cette série par quelques croquis pris sur nature, où nous verrons les différentes manières de porter adoptées par ses compatriotes.

En Chine, le portage humain se fait presque toujours sur l’épaule, au moyen d’une perche aux extrémités de laquelle les fardeaux forment balance : ce mode de transport n’est pas en usage en Corée, mais tous les autres procédés y sont employés. Témoin (voy. p. 307) cette vieille mendiante, qui tient à la main son panier de quête, et cette charmante fillette présentant une tasse brisée au raccommodeur de porcelaine. Plus loin ce pauvre diable porte sa besace sur l’épaule gauche au moyen d’une courroie et fait appel à la charité en tapant sur un grelot en bois sonore. Un marchand et son fils se servent également d’une besace, mais passée en bandoulière, et il en est de même des enfants, qui présentent ainsi leur éventaire. Voici des porteurs de hottes différemment chargés ; d’autres maintiennent leur fardeau sur les reins au moyen de deux courroies passant sur les épaules. Les femmes mettent