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royaume : on espère, en l’honorant ainsi, détourner sa colère.

L’esprit de la petite vérole. — Gravure de Krakow, d’après l’original coréen.

Mais ces moyens extra-médicaux ne réussissent pas toujours. Alors on fait venir sorciers et sorcières, qui recommencent leur joyeuse vie d’excellents repas, de musique et de danses frénétiques, aux bonds prodigieux. Ces soi-disant invocations durent jusqu’à ce qu’enfin la mort ou beaucoup plus rarement la guérison mette un terme à cet effroyable sabbat.

Les jours suivants nous passons successivement par Nam-tchang, Na-oul, Em-kol, traversons heureusement la rivière de Mo-do-ri pour arriver enfin à la base du dernier sommet du Song-na-san, qui sépare le Kyeng-syang-to de la province que nous allons quitter. Il ne nous reste donc plus qu’à dire quelques mots de cette dernière.

Le Tchyoung-tchyeng-to est borné au nord par le Kyeng-keui-to et le Kang-ouén-to, à l’est par le Kyeng-syan-to, enfin à l’ouest par la mer Jaune et au sud par le Tjyen-la-to. Parmi les nombreuses montagnes qui la couvrent, nous signalerons le Paik-oun-san au nord, tandis que le Song-na-san limite de ses hauts sommets sa frontière est. Elle est arrosée au nord par le Han-kang, au sud par le Keum-kang et ses nombreux affluents.

Les productions naturelles de cette province sont les mêmes que celles de Kyeng-keui-to, dont nous avons parlé ; on vante pourtant ses châtaignes, de la grosseur d’une petite poire, et ses coqs au plumage très fin, dont la queue à souvent 5 pieds de long. Enfin, de même que dans le Kyeng-keui-to, on trouve de nombreux restes d’antiquités.

Tchyoung-tchyeng-to, et le Kang-ouen-to formaient l’ancien pays des Ma-han. La capitale se nomme Kong-tyou ; elle est située au sud de la ville royale ; toute la province est subdivisée en cinquante-quatre administrations, comprenant :

Quatre fok (moü) ou grandes préfectures ;
Une fou ou ville départementale ;
Onze koun (kun) ou principautés ;
Une reï (ling) ou juridiction particulière ;
Trente-sept ken (kian) ou inspections des mines et salines ;
Six yek (y) ou direction des postes ;
Six fo (phou) ou places fortes ;
Vingt grands vaisseaux de guerre ;
Vingt vaisseaux de guerre de moyenne grandeur ;
Un général en chef de l’armée ;
Deux kou-ké (yu-hcou) ou ducs.

Tel est l’état sommaire géographique, productif, administratif de la province de Tchoung-tchyeng, dont la population, d’après les relevés japonais, est de 460 000 habitants, mais, pour les raisons dont j’ai déjà parlé, peut être portée presque au double.


Charles Varat.


(La suite à la prochaine livraison.)