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l’Opéra, traversaient le Boulevard Montmartre. On arrête leur voiture, on les acclame. Debout, s’enveloppant dans les plis d’un de ces drapeaux qu’on vient de leur passer, elles chantent la Marseillaise.

L’enthousiasme était déchaîné. Jamais, dans leur brillante carrière, ces deux grandes artistes n’avaient été applaudies avec une telle frénésie.

Mais déjà la vérité se faisait jour : des groupes atterrés disaient lugubrement :

— Taisez-vous !… Enlevez ces drapeaux ! Les drapeaux tombaient, et le silence augmentait l’angoisse de la foule consternée qui se dissipait.

Qu’il fut triste, ce soir d’été ! Les boulevards étaient mornes ; quelques groupes déambulaient, silencieux, en quête de nouvelles. Dans les kiosques, on s’arrachait anxieusement les éditions des journaux qui se succédaient.