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ANALYSES. — blum. Enseignement secondaire, etc.

courte pause de cinq ou dix minutes. Je soumets à l’appréciation de M. Blum cette répartition, selon moi, plus conforme aux exigences de l’hygiène et aussi de la pédagogie.

J’approuve d’ailleurs entièrement tout ce que M. Blum dit sur cette grosse question de la surcharge (Ueberburdung) qui fait couler des flots d’encre des deux côtés du Rhin. Médecins, pédagogues, hommes de lettres, physiologistes, raisonnent et déraisonnent à perte de vue sur ce mal terrible dont souffrent nos enfants : ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés, personne ne l’ignore. Le vrai mal, c’est que la question se pose en général pour les parents de la manière que voici : « L’enfant ne doit pas prendre de peine et en même temps doit posséder la science universelle. » À voir les choses de près, l’enfant est si peu surmené, qu’il ne travaille la plupart du temps ni assez, ni surtout assez bien. Cela vient, dit M. Blum, du mauvais emploi du temps, du défaut d’entente entre les professeurs spéciaux, de l’usage déplorable des compositions hebdomadaires, de la dîplomanie. Je suis tout à fait de l’avis de M. Blum, et je souhaite que beaucoup de parents, mal renseignés ou peu clairvoyants, lisent son livre.

Que d’excellentes choses encore sur la nécessité de ne pas abuser, pour les jeunes filles, de la méthode analytique, objective, attrayante, de cultiver avec moins de complaisance leurs facultés sensitives et leur imagination, de leur apprendre à réfléchir, à juger, en connaissance de cause, et avec impartialité ! Peut-être n’attribuerais-je pas aux mathématiques, même enseignées théoriquement, autant de vertu que le fait M. Blum, pour discipliner l’intelligence des jeunes filles, mettre de l’ordre dans leurs idées, et en même temps leur faire aimer et comprendre le raisonnement. Tout en reconnaissant aux lettres classiques une valeur peut-être plus morale que logique, je n’irais pas jusqu’à demander que les jeunes filles apprennent le latin, non plus que le grec : il y a longtemps que j’en crois l’étude utile seulement, et à titre d’exception, à une élite de jeunes gens. Ce n’est encore qu’à ce titre que je la voudrais accessible aux jeunes filles.

Pour en finir avec mes réserves et mes suggestions, je me permettrais d’insister, plus que M. Blum ne l’a fait, sur la nécessité d’enseigner l’hygiène aux jeunes filles, et je lui signalerais la seule lacune que j’ai trouvée dans son livre : c’est celle de la pédagogie. Je suis d’avis, et je me suis souvent expliqué à cet égard[1], que l’hygiène et la pédagogie doivent être enseignées aux enfants qui vont quitter l’école pour jouer leur rôle dans la vie. C’est d’ailleurs l’opinion de Spencer et des pédagogues les plus marquants de notre époque.

Bernard Perez.
  1. Notamment dans la préface (p. 24) de l’Éducation morale dès le berceau, 2e édition.