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ANALYSES. — w. wetz. Shakspeare vom Standpunkte, etc.

Theobald Ziegler. Sittliches Sein und Sittlichen Werden, etc. Strassburg, 1890, 151 p.

Ce petit volume, qui est parvenu à la deuxième édition, est formé de conférences données à Francfort-sur-le-Mein par M. Ziegler. II a voulu, comme le porte le sous-titre de son opuscule, esquisser les lignes principales d’un système de morale. Aperçu historique, analyse des faits et des idées constitutives de la morale, les diverses parties de ce travail sont écrites d’un bon style, facile et clair, et témoignent d’un esprit délicat. Nous aurions d’ailleurs mauvaise grâce à louer la doctrine de M. Ziegler ; elle diffère à peine de celle que nous avons exposée nous-même en un ouvrage récent, et s’appuie à l’occasion des mêmes exemples pris dans la littérature. La mine est riche, et il s’en faut bien que nous l’ayons épuisée.

Lucien Arréat.

W. Wetz. Shakspeare vom Standpunkte der Vergleichenden Litteraturgeschichte. I Bd. (Shakspeare au point de vue d’une histoire comparative de la littérature, 1er vol. ). Worms, Reiss, 1890, xx579 p. in-8o.

L’ouvrage dont M. Wetz nous offre le premier volume, avec ce sous-titre : les Hommes dans les drames de Shakspeare, est un excellent travail. Si l’objet en reste expressément la recherche des lois du théâtre shakspearien, la visée supérieure de l’auteur est d’apporter une contribution, et nous pourrions dire de proposer un exemple, à une histoire comparative des littératures, telle qu’il la définit dans son introduction.

La question de méthode a ici son importance ; elle mérite de nous arrêter.

La première chose à faire, selon M. Wetz, est de s’établir au point de vue convenable, de simplifier et débrouiller les matières mises pêlemêle dans les livres d’histoire, d’esthétique ou de philologie.

Faire de la littérature comparée, ce n’est donc pas écrire une histoire de la littérature, générale ou spéciale. D’ordinaire, les historiens se bornent à exposer la suite du développement littéraire et à montrer les causes qui ont influé sur ce développement ; la tâche d’une histoire comparative serait de mettre en relief la constitution interne des productions dramatiques et les lois qui les ont produites. Là, on ne fait guère que de la description ; on ferait ici de l’analyse et de la critique. Tandis que le pur historien s’occupe de rattacher chaque écrivain aux maîtres qui l’ont précédé et à ceux qui l’ont suivi, l’analyste s’efforce, en comparant les productions analogues, à pénétrer leur raison profonde et à découvrir pourquoi elles diffèrent ou se ressemblent entre elles.

L’histoire littéraire, qui est dominée par l’esthétique, s’attache à juger de la vérité des caractères, de la suffisance des motifs, etc. ; elle est plus élégante que sérieuse. L’histoire comparative poursuit en partie le