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MAROUSSIA.

pour fourbir et réparer ses armes ; on peut, comme à loisir, refaire ses munitions, étirer ses bras, et, après les avoir laissés reposer, détendre ses muscles raidis par des efforts trop continus. De village à village, on peut se reconnaître, se visiter, compter ses pertes. On pleure ses morts chéris, on célèbre leurs hauts faits ; et surtout on tâche de calculer ses forces en prévision des luttes futures. Les plans et les préparatifs absorbent les chefs. Où est Tchetchevik ? demandez plutôt où il n’est pas ? Mais, où il apparaît le plus souvent, — ne fût-ce que pour un instant, pour tout illuminer comme un éclair, — c’est dans une retraite inaccessible, choisie et ménagée par lui à ses deux principaux aides de camp. Ai-je besoin de nommer Méphodiévna et Maroussia ? Ce n’est pas là qu’on a le moins besoin de le revoir. Pour des guerriers comme Maroussia et Méphodiévna, l’inaction forcée de l’hiver, ce temps perdu paraît bien long. S’il est des minutes éternelles, ce sont les minutes inutiles.



NOËL

Mais à quoi pense Maroussia depuis quelque temps ? Sa tête blonde s’incline sur ses épaules comme un épi trop lourd pour sa tige. Afin de ne pas attrister la