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MAROUSSIA.

« Ne le vois-tu pas, dit-il, ne reconnais-tu pas ton favori Iskra ? Il piaffe. Il voudrait déjà être parti !

— Pour t’emporter encore… dit l’enfant très-émue.

— Pour m’emporter, oui, répondit le grand ami. Mais il y aurait à toute force deux places dans ce traîneau, et, si quelqu’un que je sais bien voulait m’accompagner, je ne partirais pas seul.

— Quelqu’un ? dit Maroussia, dont le regard s’était fixé sur Méphodiévna ; quelqu’un ?… » et le surplus de ce regard semblait dire : « Alors, moi, je resterai sans amis ? Eh bien, s’il le faut… laissez-moi seule ! » Mais cette plainte muette ne s’était même pas traduite par un soupir.

— Il ne s’agit pas de moi, dit en souriant Méphodiévna. Non. Il faut que je demeure, au contraire ; et d’ailleurs la seconde place serait trop petite pour une grande personne comme moi.

— Pour bien faire, reprit le grand ami, il me faudrait un tout petit compagnon que je pusse au besoin oublier dans un pli de mes fourrures, mais dont tout de même le petit cœur me tiendrait chaud pendant une course longue et rapide. Il me faudrait un compagnon décidé à faire le même chemin que moi d’une seule traite, qui n’eût pas peur de l’hiver au nez rouge et à qui il pût convenir plus qu’à tout autre d’aller du côté même où je vais, d’aller savoir au juste, par ses oreilles et par ses yeux, ce que deviennent là-bas, là-bas, dans la cabane aux cerisiers,