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L’ANNÉE HEUREUSE.

— tu sais, Maroussia, celle même où nous avons fait connaissance, — un père, une mère, des frères et de petites sœurs qui craignent peut-être que, pour la première fois, une place ne reste vide, à leur table, cette année, pour le repas de Noël. »

Maroussia a compris ; un cri sonore est sorti du plus profond de son âme, puis un sanglot ; elle se serre contre la poitrine du lion, mais à travers ses larmes brille un sourire, un sourire si plein de reconnaissance à l’adresse de ses deux amis, que leurs yeux en deviennent tout humides à leur tour.

« Ah ! Noël, Noël ! dans la cabane de mon père ! Noël auprès de ma mère, leurs bénédictions une fois encore sur ma tête ! Noël avec les petits frères et les petites sœurs tout autour ! Ah ! tu devines tout, tu as senti que c’était à cela que, malgré moi, je pensais depuis que le jour de la grande fête approche ! »

Et de douces larmes inondaient de nouveau son charmant visage.

Les préparatifs furent vite faits ; le départ eut lieu à l’instant même. Au premier abord, on ne voyait sur le traîneau qu’un seul homme enveloppé dans sa witchoura et donnant le signal du départ à un vigoureux cheval qui ne demandait qu’à partir ; mais sous l’ample fourrure du voyageur, Méphodiévna, de la fenêtre, découvrait deux grands yeux bleus dont les regards attendris montaient jusqu’à elle, et clairement lui criaient : « Merci ! »