Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
L’ANNÉE HEUREUSE.

le croyait plus que lui. On assurait même qu’il avait été question plus d’une fois, dans les conseils de l’ennemi, d’offrir à ce vaillant entre tous les vaillants, à ce généreux entre tous les généreux, une paix, un arrangement honorable, acceptable et pour l’Ukraine et pour lui-même. On aurait voulu avoir pour amie, pour alliée, cette jeune gloire ; on aurait voulu là-bas qu’elle appartînt à la Russie tout entière. Chacun se redisait ses exploits ; combien il était beau et terrible au milieu des batailles, mais combien, le combat fini, il était compatissant et doux !

Le récit de sa défense de Gadiatch, prise et reprise trois fois sur l’ennemi, était dans toutes les bouches, elle est encore dans toutes les mémoires ; cela ne périra pas. Il ne manque qu’un Homère à ce héros accompli. L’armée qu’il avait combattue le célébrait tout haut ; des deux côtés les blessés, les mourants, le nommaient leur père. Chacun l’appelait à son aide. Le lion Tchetchevik, Méphodiévna et l’ange Maroussia, voilà les figures à jamais chéries de l’Ukraine.

Mais, grand Dieu ! où en sommes-nous aujourd’hui ? Hélas ! rappelez-vous les commencements ténébreux, les marches nocturnes, les complots secrets, voilà où nous en sommes ! Oui, tout est à recommencer.

Les conseils de la force ont prévalu ! L’ennemi puissant a pris son temps. Il est revenu en nombre formidable. Ils savent trop, ils ont appris à leurs