bluets ! dit le grand ami ; regarde donc, Maroussia, nous n’en avons jamais tant vu ni de si beaux. »
Les paroles sont impuissantes pour exprimer tout ce qu’il y avait de caresses dans l’accent du grand ami quand il parlait à sa petite amie ; une jeune mère n’aurait pas d’autres sourires dans les yeux, pas plus de tendresse dans la voix pour son petit enfant.
« Sais-tu, Maroussia ? reprit le grand ami, je crois que nous ferons bien de nous asseoir ici ; tes petits doigts me tresseront une jolie couronne de bluets dont j’ai très-envie. »
Il avait posé la petite fille sur l’herbe, et, étendant son long bras, il commença à cueillir autour de lui tous les bluets à sa portée.
« Ne cueille pas les queues trop courtes, lui dit Maroussia, ce sera plus commode pour la couronne et elle sera plus solide aussi. »
Le grand ami, obligé d’aller plus loin pour faire sa cueillette, lui dit :
« Repose-toi, jusqu’à ce que j’aie fait ma provision. Ne bouge pas. Si tu pouvais dormir un peu !
— Non, non, dit Maroussia, je ne bougerai pas, je me reposerai, mais je ne dormirai pas. J’aime mieux te regarder cueillir. »
Le grand ami n’était pas très-habile. Pour avoir des queues longues, il arrachait quelquefois la touffe entière.
« Il ne faut pas faire cela, lui disait Maroussia,