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MAROUSSIA.

c’est dommage pour ceux qui passeront après nous et aussi pour l’année prochaine. Les touffes arrachées ne repoussent plus. Ce n’est pas ainsi qu’on est ménager des récoltes. Chez ma mère, tu aurais des reproches ! »

Le grand ami se sentait grondé justement, mais il ne se décourageait pas. Il essayait seulement de mieux faire.

« Je ne suis pas un fameux cueilleur de fleurs, disait-il. Je suis comme ce pauvre garçon qui, voulant prier Dieu dans l’église et baiser la terre, se fit une grosse bosse au front en se cognant contre la dalle.

— Ne me dis rien pour me faire rire, lui cria Maroussia. Arrête-toi, assez ! assez ! viens t’asseoir tout près de moi ; tu en as tant cueilli que je ne m’y retrouve plus. Je suis ensevelie. J’ai de quoi faire cent couronnes. »

Et la petite tâchait de mettre un peu d’ordre dans la récolte de son ami.

« Ne te gêne donc pas, disait le grand ami ; en veux-tu encore ?

— Mais non, mais non, c’est assez, c’est dix fois trop, repose-toi à ton tour. »

Le grand ami, convaincu, s’assit à côté d’elle et suivit avec beaucoup d’intérêt, tantôt le travail des doigts mignons qui préparaient une guirlande, tantôt les changements de physionomie de Ma-