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DERNIÈRES COURONNES.

sur le sol, barraient le passage, le houblon gigantesque enlaçait toute cette végétation par en haut, tandis que les lierres sauvages et mille plantes rampantes l’enlaçaient par en bas.

Le grand ami, cependant, savait bien où il voulait arriver ; il avait son but, car il examinait avec soin chaque buisson, prêtant l’oreille à tous les bruits et au besoin s’arrêtant pour réfléchir et pour chercher sur la terre et sur le gazon quelque trace ou quelque indice qu’il aurait voulu découvrir.

Enfin, ils arrivèrent au fourré. Tout auprès s’ouvrait une clairière où il y avait plus de place qu’il n’en fallait pour faire une halte sur l’herbe.

« Repose-toi, Maroussia. Vois-tu cette herbe ? cette mousse ? notre riche ataman lui-même ne possédait pas de tapis aussi éclatant. Oh ! si ce luxe lui avait suffi ! s’il s’était rendu compte plus tôt que l’or n’est pas même un demi-dieu, que c’est la pire des idoles ! Assieds-toi sous ce chêne, c’est le grand ataman de la forêt. Il a mille ans peut-être. Il a tout vu, lui, mais sans broncher encore. Les astres du ciel ont toujours suffi à sa tête. »

Ce chêne était vraiment magnifique. Il étendait ses branches majestueuses de tous côtés et formait à lui seul une espèce de temple frais et sacré, où régnaient à la fois la fraîcheur, l’ombre et le silence. Les rayons du soleil n’y pouvaient descendre, sa cime seule était éclairée.