Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
DERNIÈRES COURONNES.

Les regards de Maroussia se tournèrent en même temps que ceux du grand ami vers ce phénomène. Mais Maroussia n’en était plus à montrer ses surprises. Cette réserve n’étonna pas son ami. Il alla prendre la couronne et la jeta sur les genoux de Maroussia.

« Les deux feront la paire, lui dit-il. Avec toi, Maroussia, on peut tout dire. Cette couronne nous apprend que bientôt nous ne serons pas seuls dans la forêt ; nos amis sont en marche et nos éclaireurs les ont précédés. »

Tout à coup, au fond de la forêt, retentit comme un cri, mais rien qu’un cri d’oiseau, à ce qu’il parut à Maroussia.

« C’est un jeune, sans doute, dit le grand ami. Sa voix n’a pas encore tout son développement. Un père se serait mieux fait entendre. Écoute, Maroussia, je vais tâcher de donner une leçon à ce novice. »

Et, s’aidant de ses doigts rapprochés de ses lèvres, le grand ami produisit un cri d’oiseau si aigu que le plus puissant chanteur de la forêt n’aurait pu le désavouer. Ce cri, entendu sans doute à plusieurs lieues à la ronde, eut bientôt de l’écho. De trois côtés différents, d’autres cris pareils lui répondirent.

« Tu ne vas pas t’inquiéter, dit Tchetchevik à Maroussia, tu vois de quoi il s’agit ? Je vais être obligé de te laisser seule quelques instants. Reste là, ne change pas de place, je reviendrai te prendre bientôt. Ne quitte pas ton poste.