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Le Métier de roi/5/1

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Calmann-Lévy éditeurs (p. 269-282).

CINQUIÈME PARTIE

I

On remit à Clara une lettre. Elle y reconnut la main d’Ismaël. Cependant le timbre de la poste marquait Oldsburg. Elle l’ouvrit, le visage altéré de soucis : un papier blanc lui apparut. Mais elle se souvint d’un procédé dont leur correspondance de chimistes suspects était coutumière. Elle passa au laboratoire, exposa la lettre à la flamme d’un réchaud. Une pâle écriture indistincte apparut qui s’affirma peu à peu. Et Clara put lire ou deviner la missive clandestine :

« Mon amie, il me faut te revoir. Viens ce soir à la cathédrale, dès le coucher du soleil. Tu me trouveras dans la troisième chapelle latérale à droite. Donne-moi ce bonheur. »

Elle retomba sur un siège proche, accablée.

« Il est revenu ! pensait-elle, il est revenu… »

Et cette idée soulevait dans son âme un tel tumulte qu’elle ne pouvait distinguer quel sentiment réel l’agitait. Elle ne voyait clairement qu’une chose : la paix si coûteuse, si péniblement conquise, dont elle jouissait depuis quelques semaines, depuis ce soir où elle avait définitivement abdiqué sa mentalité ancienne entre les mains de celui qui la dirigeait désormais, elle allait la perdre. Jusqu’à ce matin, libre, ne répondant que devant elle-même de ses pensées, elle se pénétrait sereinement de la foi nouvelle. Oui, elle croyait bon maintenant qu’une nation fût gouvernée, et qu’un seul être fût responsable de ses destinées, et que l’amélioration sociale se fit sans convulsion, selon les lois d’une évolution sage, et qu’une aristocratie subsistât, terrain de culture pour la beauté, l’art et l’idée. Le sentiment, qui sert de logique aux femmes et qui avait été la base de sa foi première, devint, par une transition facile, la base de la seconde. Et quand, heureusement parvenue au terme du grand voyage moral accompli entre les deux croyances contraires, elle se reposait dans une douce quiétude pleine de bien-être, voici que se dressait devant elle le témoin du passé, celui qui prétendait posséder aussi son âme.

Il revenait. Et que lui dirait-elle ? Fallait-il le désespérer en lui avouant sa désertion ? Mais c’était se séparer de lui totalement, lui ôter l’espoir qu’il avait d’elle, et dont le malheureux vivait.

Peut-être venait-il la revendiquer. Il en avait le droit puisqu’elle lui était engagée. Elle frissonna en se tenant le visage à deux mains… Pourtant l’idée ne lui vint même pas de ne pas répondre à l’appel. Avec sa méthode habituelle, elle organisa le cours de sa journée en vue de cette sortie du soir. L’après-midi se passa en manipulations faites au laboratoire avec l’archiduchesse.

Au soleil couchant elle quitta le palais. Elle en contourna les grilles pour atteindre la rue du Beffroi, et la cathédrale Saint-Wolfran, au bout de cette ruelle étroite, apparut d’un gris rose, massive dans son ensemble, légère dans son détail qui était, du haut au bas de la façade, au sein de la pierre ajourée, un immense paradis de saints minuscules, rangés en bataille, superposés en cintre dans l’ogive des portails, nichés dans des chapelles, juchés sur des clochetons, surélevés à la cime des pinacles. À gauche une tour gothique et à droite une tour renaissance, toutes deux gigantesques, montaient d’un jet dans le ciel blanc du soir. C’était la fin d’un jour de mai, une vapeur lourde et tiède planait sur les rues d’Oldsburg éclairées encore d’une lumière dorée et poudreuse. Clara franchit le parvis, traversé de voitures et d’automobiles, pénétra sous l’arche assombrie d’une des portes latérales, passa le seuil, et aussitôt ce fut un autre monde.

Dans la nef pure du monument, le long du transept aux piliers sveltes et droits, au fond des bas-côtés garnis de chaises, partout régnaient le silence, la fraîcheur, la solitude. Pas un être humain ne bougeait dans cette cité divine où le crépuscule semblait perpétuel. Les vitraux surchargés de pourpres sombres, d’indigos profonds, d’ocres chauds, de violets noirâtres, versaient sur les dalles une lueur indistincte. Mais au-dessus de l’architecture géante des orgues, la rosace qui regardait en face le soleil mourir derrière les collines lointaines, étincelait.

Dans ce froid qui la glaçait, sous ce vaisseau de pierre où son pas assourdi éveillait des échos, parmi le geste pieux mille fois répété de la ligne ogivale, Clara pensa pour la première fois avec une émotion craintive à ce Dieu dont les deux Kosor lui avaient tu jusqu’au nom. Quelque chose d’auguste passa en elle, et elle aurait eu de la joie à se prosterner, sans même comprendre pourquoi.

De larges dalles, de la dimension de pierres tombales, pavaient la basilique. Clara les observait en marchant la tête infléchie, accablée sous un poids étrange. Elle obliquait à droite. Les chapelles latérales, en creusant les parois de sombres alvéoles que l’obscurité rendait imprécises, dont les vitraux faisaient les limites incertaines, donnaient une ampleur plus mystérieuse à la cathédrale illustre. Clara les compta jusqu’à la troisième, et pénétra dans cette dernière comme dans une demeure redoutable. La grille en était ouverte. Un tableau ancien, tout noir, entre des chandeliers d’argent, ornait l’autel vide Clara fouilla les coins, le cœur en déroute. Mais elle arrivait la première au rendez-vous. Alors elle s’accota aux moellons de pierre que le temps avait grignotés, et ses yeux faits aux ténèbres, scrutant les profondeurs de la nef, elle attendit.

Peu à peu son regard s’éleva, chercha les voûtes en suivant la montée rigide des fûts de colonnes dont la cépée, pareille à celles des forêts, s’élançait à chaque pilier vers l’autre cité des ogives, là-haut. Et cette coque de navire renversée, vers laquelle tant de prières avaient monté, lui apparut, si noyée d’ombre, si prodigieusement lointaine, qu’elle eut l’impression d’un firmament de pierre inaccessible.

Cependant, des pas résonnèrent et se firent tout proches, et un prêtre passa devant la grille. Après ce fut une vieille femme, puis le silence. reprit. Au bout d’un instant encore, un homme s’avança, et comme il s’arrêtait au seuil de la chapelle, Clara, pour n’être point remarquée, prit l’attitude de la prière. Il entra. Elle se voila le visage. Tout à coup, elle sentit contre sa joue l’haleine de l’inconnu, et on lui murmurait à l’oreille :

— Me voici, me voici.

Elle regarda ; elle ne pouvait reconnaître Ismaël dans cet homme à longue barbe, défait, vieilli, émacié, pauvrement vêtu ; mais quand leurs yeux se furent pénétrés, malgré tous les sentiments contraires qui lui rendaient si importun le retour du meneur, elle n’éprouva plus que de la douceur et de la pitié, tant il lui parut triste.

— Tu vois, lui dit-il, je suis revenu quand même.

Et elle, lui prenant la main :

— Oh ! pauvre, pauvre ami !

Elle s’imagina qu’on les observait et l’entraîna, par une porte latérale, vers une ruelle obscure qui serpentait le long de l’abside et de l’archevêché. On n’y voyait pas une âme. D’autres rues perpendiculaires descendaient au fleuve. Kosor se laissa faire. La nuit était venue tous deux cheminaient côte à côte dans le quartier désert.

Chose étrange, cet idéologue à la philosophie dépréciée, ce créateur d’énergie aux mains liées ce meneur vaincu n’était point rapetissé par la défaite. Bien plus, il semblait grandi sur les cendres de son parti. Une flamme, qui n’était point visible lors du grand soleil de l’Union, transparaissait en lui, maintenant que la nuit s’était faite. Quand toutes les autres lumières s’étaient éteintes, ce feu brûlait toujours, montait, dévorait l’être physique du rêveur, répandait une chaleur spirituelle impressionnante.

— Tu me croyais abattu, découragé, disait-il, en pressant les doigts gantés de Clara, détrompe-toi. L’humanité est-elle soulagée ? Non, n’est-ce pas ? Sa soif de bonheur est-elle étanchée ? Non, n’est-ce pas ? L’extrême richesse et l’extrême misère sont-elles détruites ? Non, n’est-ce pas ? Alors est-ce que j’ai droit au découragement, qui n’est qu’une sorte de repos pour les faibles ? Je suis à l’humanité, je sais que je tiens la clef de sa félicité : je lui en ouvrirai la porte.

Ces mots d’extrême richesse et d’extrême misère, qui étaient le leit motiv de la doctrine révolutionnaire, sur lesquels étaient basées les revendications unionistes, et qui depuis l’enfance avaient excité sa foi, fulgurèrent dans l’imagination de Clara ; elle revit la sordide pauvreté, puis les diamants ruisselant sur les épaules des dames d’honneur lors des fêtes sur la glace. Avec tout son culte de l’ordre, qu’avait fait Wolfran en faveur de l’équité sociale ?

— Prends garde, dit-elle cependant, si tu étais pris… Vois Goethlied, Johannès Karl, sois prudent…

Prudent ? répéta-t-il avec un dédain magnifique.

Et il expliqua que, logé, hébergé, et caché depuis plusieurs jours chez un de leurs amis communs, professeur de mathématiques au collège royal d’Oldsburg, il courait peu de risques, ne sortant que la nuit, ne fréquentant personne. Pour le moment, son travail était tout de méditation et d’étude. Il cherchait à réorganiser une association collectiviste, et il préparait aussi l’acte nécessaire.

— Quel acte ? interrogea Clara.

Il ne répondit pas, un sourire découvrit ses dents blanches et cruelles. Et aussitôt :

— Parlons de toi. N’as-tu pas trop souffert, là-bas ? Ah ! que j’ai plaint ton sort ? Pourtant, je me suis applaudi de t’avoir mise en sûreté pour ces heures de troubles que je ne prévoyais pas cependant si malheureuses. Combien j’aurais été torturé de te savoir traqué ainsi que nos frères et moi ; mais, dis-moi, n’as-tu point subi de misères, point d’humiliations, de vexations ?

Clara répondit froidement :

— On a été parfait pour moi.

Il poursuivit :

— Tant mieux, car il faut que tu demeures encore dans le repaire où tu as consenti à vivre ; il le faut, ma Clara, et aussi que tu te donnes tout entière à la science.

Il n’était pas, comme elle l’avait présumé, ardent, impérieux et passionné. Il ne la revendiquait plus. Il était redevenu fraternel et doux ; il semblait enveloppé de sérénité. Ce langage si mesuré la rapprochait de lui. Elle le préférait. dans cette maîtrise de soi qui lui donnait comme une grandeur sacrée. Il continua :

— Aide-moi de tes vœux, de ton sourire, de ta tendresse. Mon œuvre recommence ; j’ai des forces nouvelles. Avant deux années, nous aurons donné au monde l’exemple de la société d’amour ; nous ferons l’expérience pour les autres nations qui l’imiteront, et la béatitude humaine se propagera ainsi de contrée en contrée. Je t’aime comme je ne t’ai jamais aimée, Clara, mais je suis un homme sorti de la vie, sorti de lui-même ; j’appartiens à l’humanité.

Il soupira, puis reprit sur le ton dont il lui parlait quand elle était une toute petite fille, et lui, un adolescent stupéfait devant elle :

— De t’avoir revue je me sens plus fort. Il me fallait te revoir, Clara : c’est toi qui es la patrie, c’est de toi que j’étais exilé. Mon œuvre, je pouvais l’élaborer pendant longtemps encore à l’étranger, mais tu n’étais pas là, et c’est pourquoi je suis revenu. Maintenant que je t’ai vue, que mon cerveau s’est baigné dans ta douceur, je travaillerai plus lucidement :

— Quels sont tes projets ? demanda-t-elle encore.

Une fraicheur humide les frappant au visage les avertit qu’ils approchaient du quai. Ils en craignirent les lumières, l’affluence, et rebroussèrent chemin. La ruelle montait. Au sommet apparaissait, de perspective, la métropole de pierre, allégée dans les vapeurs du soir, avec les contreforts géants qui fusaient d’un jet de la base au faîte, et la rosace du transept que les lumières intérieures irisaient.

— J’ai gardé, murmurait Ismaël, les plans de Goethlied. Ils sont bons je les maintiens. Mais c’est le système d’action que je changerai. Un homme s’est opposé à l’expansion de notre œuvre d’amour ; enhardi par un premier succès, il renforcera sa défense. En lui réside l’obstacle unique, la barrière éternelle qui brisera notre effort. La ligne de conduite est nettement indiquée, cet homme doit disparaître. Comment, je ne sais encore, mais…

— Quel homme ? interrogea Clara d’une voix dure.

— Tu ne le connais pas, gronda Ismaël ? celui qui a fait fusiller de sang-froid les affamés venus pour réclamer du pain et du feu, celui qui sème la discorde dans le pays, celui qui m’ôte ma liberté, qui jette aux fers les plus nobles humanitaires, qui a piétiné, comme on piétine une fourmilière, la société des esprits les plus élevés, des cœurs les plus tendres, des êtres les plus généreux. Celui qui ploie, sous son autorité grossière de potentat satisfait, douze millions d’hommes libres réduits à la condition d’esclaves…

Il ne la vit point à cette minute, et c’est ce qui la sauva. Il attendait qu’elle répondit, qu’elle eût un cri de surprise, l’émotion de la faiblesse féminine devant l’idée de meurtre, mais elle ne desserra pas les lèvres. Néanmoins il s’efforça de développer son idée pour la rendre acceptable. J’ai longtemps professé le respect de la vie individuelle, Mais, là bas, en Allemagne, dans la solitude et le recueillement, je me suis recréé des conceptions, une morale nouvelles ; j’ai acquis une compréhension simplifiée des choses. La vérité m’apparaît aujourd’hui parfaitement limpide. La vie de l’individu n’est rien. Seules, les collectivités comptent. Les abeilles, ces insectes admirables, nous l’enseignent, ainsi que tous les animaux qui pratiquent la communauté. L’histoire humaine nous l’apprend également, et, avec le recul du temps, nous comprenons le peu d’intérêt qui s’attache aux unités dans une race. Détruire une unité qui s’oppose à la collectivité, c’est plus que licite, c’est obligatoire. Tuer n’est pas ce qu’une philosophie…

— Si tu tuais, prononça Clara d’une voix étranglée, il n’y aurait plus rien entre toi et moi. Je te haïrais et ton seul aspect me ferait horreur.

— Ah ! Clara, soupira-t-il, résigné, je savais que ta sensibilité s’offusquerait tout d’abord ; mais je te supplie de réfléchir comme j’ai réfléchi moi-même, et, tu verras, il faudra bien en venir où j’en suis venu.

Elle fit un violent effort et dit :

— J’ai le cerveau sain et ne changerai pas, moi ; j’aime mieux ne jamais te revoir si tu nourris des pensées de crimes… fallût-il en finir tout de suite.

Ils s’arrêtèrent et se dévisageaient l’un l’autre. La lumière d’une échoppe voisine mettait un éclair dans leurs yeux angoissés, mais leurs traits demeuraient dans l’ombre : Kosor reprit la main de Clara sans voir la colère qui contractait son beau visage.

— Écoute, mon amie, je t’aime comme un homme n’a jamais aimé une femme, mais j’obéis à une telle puissance, et qui va toujours me poussant si impérieusement, que je ne m’appartiens plus. Non, pour te recevoir enfin dans mes bras, fût-ce dans l’instant même, je ne renoncerais pas au devoir qui m’est dévolu. Tu entends, même si tu te promettais à moi pour cette nuit… même si en ce moment…

Et il exhala un souffle qui ressemblait au soupir du cheval arrêté devant un précipice. Elle sentit le froid de ses mains glacées à travers la peau du gant.

Il murmura en détournant la tête :

— Oh ! te perdre, pourtant… et pour notre pire ennemi.

Elle comprit qu’elle n’avait plus prise sur cet homme ; que l’amitié, le souvenir, la tendresse, même le désir qu’il avait d’elle, tout était en lui submergé par l’idée fixe. Alors elle eut un instant d’affolement. Wolfran était condamné. D’où lui venait cette frénésie de le sauver, de lui faire un rempart d’elle-même comme une mère qui défend son fils ? Oui, son instinct était ceci : qu’on prît la substance même de son être pour environner, préserver, conserver cette vie incomparable ! Et cette obscure tendance à s’immoler, elle s’en rendait compte exactement, c’était le plus vif mouvement qui eût agité jusqu’ici son âme sereine. Et sans la moindre pitié pour ce qu’Ismaël endurait sous ses yeux, elle lui dit :

— Tu déshonores l’Union. Je ne serai jamais à toi. Mieux vaut ne plus nous revoir.

Il était haletant, il joignit les mains comme un enfant, elle l’entendit implorer :

— Oh ! Clara, oh ! Clara.

Elle crut bien deviner qu’il pleurait à petits sanglots, et elle s’en réjouit, car elle l’exécrait à cette minute.

— Ce n’est pas possible…, répétait-il, t’avoir tant chérie et être ainsi rejeté de toi. Ta belle intelligence, si lumineuse, me reviendra. Tu comprendras que cette mort est nécessaire, ou alors on t’aurait changée…

Elle allait se séparer de lui ; elle fit une dernière tentative : ses mains se posèrent à l’épaule du meneur, elle lui murmura :

— Je ne veux pas que tu deviennes criminel, mon ami…

Il s’écria :

— Tu ne vois donc pas que l’amour qui me possède est grand comme l’humanité même ; mon bonheur, mes instincts, n’existent plus. Mais la cité future sera bâtie…

— Ah ! dit Clara, en faisant mine de s’éloigner, je suis venue ce soir pour voir un fou.

Il la rejoignit, s’accrocha désespérément à ses vêtements.

— Laisse-moi, lui dit-elle.

— Tu n’aimes donc plus le peuple…

— Je n’aime pas un assassin, répondit la jeune femme.

Et sa main forte détacha un à un les doigts qui déchiraient l’étoffe de sa manche. Puis, les deux ombres tragiques se séparèrent ; l’homme resta debout, anéanti, au pied de la cathédrale géante ; toute frissonnante, la femme se hâtait vers le portail Et elle touchait au tambour où venaient s’assourdir les bruits du dehors, qu’un soupir arrivait encore jusqu’à elle, le gémissement d’une douleur surhumaine, le dernier souffle d’une agonie morale :

— Clara !… Clara !

Elle rentra dans l’église pour échapper au malheureux. De vives lumières brillaient à l’occasion d’un exercice du soir dans la chapelle dorée de la Vierge, à l’abside, les ogives du chœur découpaient d’énormes baies sur ce fond de clarté intense La musique tranquille et pure d’un cantique s’éleva sur un harmonium aux sons grêles et lents…