Les Cervelines/15

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Calmann-Lévy éditeurs (p. 200-212).
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XV

Tisserel, un jour, trouva chez lui cette dépêche de Menton : « Venez immédiatement chercher votre sœur. »

Il la lut quatre fois et ce fut seulement après que la douleur l’en remplit tout à fait dans son cœur, dans son corps. Il souffrit d’une force de révolte qui tendait à repousser ce télégramme vers son origine, à refouler la propension mystérieuse qui l’avait transmis, à le détruire dans l’esprit de son auteur, à reculer vers ces instants passés où il croyait encore qu’Henriette guérirait. Et quand à l’implacabilité des choses accomplies se furent meurtries ses volontés désespérées, quand il vit que son irrévocable destinée était de perdre Henriette, il prit le chemin de l’hôpital pour y retrouver Jeanne Bœrk.

Ce que Cécile lui avait dit de ses négociations malheureuses ne comptait plus. Dans l’angoisse de sa souffrance, il la voulait aujourd’hui, dans l’instant même. Il était comme un homme qui porte un fardeau trop lourd et que personne n’aide ; il ne pouvait plus continuer d’être seul. Il trouva Jeanne dans sa chambre d’interne, où il n’avait jamais pénétré ; elle écrivait : elle se leva, l’introduisit aimablement, le fit asseoir et lui demanda ce qu’il y avait.

Tisserel la regardait sans répondre.

— Expliquez-vous, docteur, reprit-elle tranquillement, que voulez-vous ?

Elle demeurait évidemment plus préoccupée de sa dernière phrase restée en suspens, l’encre encore humide, que des traits décomposés posant devant elle, et du regard ardent qui cherchait le sien. Soudain elle vit Tisserel tirer de sa poche le papier bleu du télégramme qu’il jeta sur la table, sous ses yeux. Seulement alors, la curiosité l’anima : elle lut et murmura, atteinte vraiment enfin :

— Oh ! mon Dieu ! votre pauvre petite sœur !

Elle comprenait aussi que c’était la marche vers la fin qui s’accélérait inopinément. Elle s’apitoya : Elle qui n’avait jamais éprouvé la cruauté de la mort se mit à la sentir tout à coup, en pensant à cette fille charmante qu’elle avait soignée en amie, qui l’avait caressée, qui l’avait attendrie comme personne. Ses mains, ses poignets serrés dans la toile blanche de sa blouse retombèrent sur sa table de travail ; ses joues fraîches pâlirent. Tisserel, qui n’avait pas dit un mot encore, la vit ; il la vit atterrée ; il vit ses yeux superbes, si froids, se glacer d’une larme ; alors il bondit à elle, les bras tendus.

— Oh ! Jeanne, supplia-t-il ayez pitié de moi !

La minute était venue où elle allait pleurer de vraies douces larmes : du même coup, les larmes et le cœur figés, elle se leva dans son orgueil offensé. Lui continuait, en attirant à lui de toutes ses forces ses mains qu’il avait prises :

— Elle va mourir, je vais la perdre. Ayez pitié de moi ! Aimez-moi, Jeanne, je suis un homme si malheureux ; laissez-moi vous aimer ; ne me faites pas de mal, j’en ai trop déjà, vous m’en avez fait trop, et je vais perdre Henriette !

Elle le laissa continuer longtemps ses lamentations ; il se répétait indéfiniment, il redisait les mêmes termes qui entremêlaient son angoisse et son amour. « Je suis malheureux, je vais perdre Henriette, je vous aime ! » Jeanne s’écartait seulement de lui dans un recul presque invisible. Elle le plaignait. Il pleurait à grosses larmes ; quelque chose de bon naissait en elle vers lui ; véritablement elle aurait voulu le consoler. À la fin, il se pencha sur les mains qui se dérobaient, ses lèvres s’y attachèrent.

Alors, ce qui eût gonflé la vanité de toute autre femme, cette faim d’elle qu’il avait, cette première caresse d’homme qui leur crée à toutes, d’ordinaire, une vie neuve du cœur, qui les épanouit, cette primeur du baiser lui fit honte, à elle. Ses traits se durcirent, elle ne sentit plus la pitié, mais la colère. Son souverain dédain de l’amour, qui la faisait rire jusqu’ici des illusions, des naïvetés de la passion, s’irritait d’être ainsi méconnu. La croirait-on la dupe de ces choses trompeuses dont elle appréciait si bien la nature secrète ?

— Oh ! laissez-moi tranquille ! je vous en prie, fit-elle durement.

Et elle le repoussa, forte dans son corps de paysanne comme il pouvait l’être lui-même.

— Je vous aime, Jeanne.

Elle haussa les épaules.

— Ne me dites pas cela, rien ne m’agace comme cette formule. Je ne comprends pas que des hommes intelligents puissent s’approprier cette phrase usée et stupide.

— Plutôt que ces cruautés, murmura-t-il, brisé, dites-moi quelque chose qui me console ; voyez où j’en suis !

Il était retombé, confus, amoindri, dans le fauteuil de reps vert où il cachait à deux mains son visage défait. Cette humiliation d’un homme devant elle plut à Jeanne ; la sensation d’être vraiment sa dominatrice et de l’avoir réduit calma son humeur. Elle vint devant lui, debout, se serrant des poings la taille.

— Docteur ? commença-t-elle.

Brusquement, à cet appel, il leva vers elle son visage tuméfié, enlaidi par les larmes, et il la regardait dans une extase si amoureuse qu’elle eut envie de se moquer de lui ; mais elle ne rit pas, n’étant en son fond nullement méchante.

— Docteur, je vous jure que votre peine me fait beaucoup de chagrin et que…

Il balbutia, l’interrompant :

— Mon amour !

Elle lui tourna le dos, dépitée par ce terme maladroit.

— Je vous en supplie, recommença-telle avec un frémissement d’impatience, n’employez pas ces mots ; une fois, c’est assez. C’est un ordre de choses qui m’horripile. Il y a, Dieu merci, entre un homme et une femme, d’autres sujet d’entente que celui-là. Soyons bons camarades, je ne demande pas mieux ; nous le sommes déjà ; vous traversez uns crise, ce ne Sera rien. Allons donc ! il faut raisonner un peu. Je déteste tout ce qui est aigu, passager ou inutile. À quoi servirait l’accomplissement de ce que vous souhaitez ? À quoi bon, après ! Car enfin, il faut toujours ramener la question à la discussion libre et lucide. Moi je vivrai seule ; je lai voulu et il me le faut. Il me faut me posséder entièrement si je veux accomplir tout le travail de ma vie. Ne pensez pas qu’il y ait là rien de personnel et que votre amour-propre n’en souffre pas ; je ne me marierai avec aucun autre.

— Donnez-moi de votre vie ce que vous voudrez, soupira Tisserel, pourvu que ce soit un peu de vous !

— Oui, reprit-elle, je comprends ; ce serait infiniment plus commode que le mariage ; je n’ai pas de préjugés, pas de superstitions ; les conventions. ne me gênent en aucune sorte ; mais le public, la clientèle en ont ; je me ferais le plus grand tort. Tout se sait, et on est si exigeant pour une femme médecin ! Si je veux réussir et me faire la vie agréable que je rêve, je dois réaliser en tout mon personnage aux yeux du monde.

— Oh ! ces calculs ! s’écria Tisserel hors de lui.

— Et ma liberté ?

— Votre liberté sera entre vos mains. Vous me la donnerez, vous la reprendrez à votre guise.

— Je parle, dit-elle fièrement de cette liberté de la Jeanne Bœrk d’aujourd’hui qui ne cache rien, que tout le monde peut connaître, qui fait son métier tout droit sans ruses ni dessous ridicules. Je déteste l’amour, que je trouve niais ; mais surtout ses petitesses, les mensonges auxquels il plie les femmes. Je suis au-dessus de cela, et j’en suis orgueilleuse.

Un rayon de soleil de décembre, entre deux nuages, filtra en cette minute dans le linon blanc des rideaux et vint sur elle. Elle resplendit. Il y eut positivement un éclat de noblesse farouche en cette superbe fille cérébrale, affirmant ainsi sa quiétude d’âme que ne troublait nulle imagination ni désordre sensuel. C’était telle que Tisserel l’aimait. Il ne pensait plus guère alors à la pauvre Henriette !… Jeanne était outragée et tremblait de colère ; Paul recevait dans tout son être le suprême assaut de l’amour ; la fièvre en croissait en lui par ressauts de feu.

— Il ne vous est pas permis, prononça-t-il à la fin, de me faire souffrir à ce point.

— La raison, reprit-elle doucement, doit être en nous plus forte que tout. Sommes-nous, oui ou non, les maîtres de nous-mêmes ? Si nous savions bien diriger notre barque, sans souci de certains caprices, nous serions capables de nous créer une belle et heureuse-existence. La philosophie, docteur, ne doit pas être étrangère à l’aiguillage de notre vie ; je parle de la philosophie pratique et rudimentaire que, sans livre, on possède en soi. Pour moi, cette philosophie.

Elle n’acheva pas ; les yeux terribles, le front fou, tout crispé, Tisserel exaspéré de colère la regardait :

— Taisez-vous ! bégaya-t-il en étouffant, taisez-vous

Elle eu de lui soudain une peur atroce ; n’allait il pas la tuer ? Elle devinait sa métamorphose inopinée d’amour en haine ; elle eut une vision de cette inimitié d’homme à femme, qui était inconsciemment le fond de sa sagesse de Cerveline, et plusieurs secondes, où sa frayeur paralysait sa force, elle eut cette hantise de mourir ici, dans cette chambre, sous sa main.

— Laissez-moi, supplia-t-elle, toute fierté vaincue, laissez-moi, monsieur Tisserel !

Il n’aurait pas touché à l’un de ses cheveux, sa colère lui fit honte. Il retomba à genoux devant elle ; il pleurait ; et dans ses larmes, c’était Henriette qu’il appelait. Toute blanche et frissonnant encore, Jeanne, immobile, regardait avec délices souffrir l’homme qui l’avait humiliée, quand elle vit sa porte s’ouvrir, glisser, en même temps qu’une voix, ignorante de ce qui se passait ici, disait joyeusement.

— Je puis entrer, ma chérie ? c’est moi, Marceline.

En toilette d’hiver, frileuse, mince et vive dans ses fourrures noires où l’on ne voyait plus d’elle qu’un peu de son visage et la lueur de ses grands yeux gris, rieurs, Marceline Rhonans pénétrait chez son amie comme on entre chez un être limpide et simple de qui la vie vous est ouverte. Un soubresaut l’arrêta quand elle vit à quel drame elle venait se mêler. Le prélude, où elle avait joué son rôle avec Jean Cécile, devenait maintenant lumineux pour elle : cette idylle triste, d’avance condamnée, pressée vers son dénouement par la passion du malheureux Tisserel, avait dû venir se briser ici tout à l’heure, dans une scène suprême. Elle voyait l’ami de Cécile, les traits ravagés, reculer vers le fond de la chambre ; elle voyait Jeanne, blême et défaite, créature nouvelle révélant pour la première fois comme une faiblesse de femme et qu’elle reconnaissait à peine. Elle hésita. Aucun des trois ne parlait. Ce fut une minute pénible, chargée de confusion, interminable.

— Je reviendrai, dit-elle, en rebroussant chemin vers la porte.

Jeanne Bœrk l’aurait laissée partir ; son orgueil souffrait de montrer à son amie ce qu’elle avait enduré. Mais Tisserel eut comme un accès de sympathie désespérée vers cette autre femme qui était chère à Jeanne et qui, Cécile le lui avait dit, s’était montrée bonne pour lui. Il vint à elle.

— Non, restez, lui dit-il ; il faut que vous restiez ; c’est un heureux hasard qui vous envoie.

— Il n’y a pas de hasard, fit gravement la religieuse Rhonans, il y a une Intelligence, une Volonté mystérieuse qui nous conduit.

— Nous avons besoin de vous ; elle a besoin de vous et moi aussi, disait-il.

Il avait en effet d’elle un besoin affectueux que connaissent, envers les amies de celles qu’ils aiment, tous les hommes.

— Vous savez tout ! confessa-t-il très bas.

Mais Jeanne mit le holà à cette confidence.

— Un grand chagrin atteint le docteur, dit-elle froidement. Mademoiselle Tisserel doit être plus mal, une dépêche demande d’aller la chercher immédiatement là-bas.

Elle aurait mis de bon cœur sur le compte de cette tristesse nouvelle tout cet appareil tragique où Marceline les avait surpris ; mais celle-ci, pour s’y tromper, était trop fine. Elle les regardait l’un et l’autre indulgemment, sachant bien ce qui était entre eux, puis elle dit à Tisserel :

— Je comprends votre peine, docteur, et je m’y associe sincèrement ; mais qui vous défend d’espérer encore ? Le germe de votre espérance est dans votre petite sœur elle-même.

— Et si elle ne guérissait pas ? murmura : t-il accablé.

— S’il fallait que cet horrible malheur vous arrivât, dit-elle de sa manière exquise, je voudrais qu’il y eût près de vous un cœur digne de vous, qui vous consolât, et je veux croire que vous l’aurez ; je vous estime assez même, docteur, pour souhaiter que ce fût le cœur de ma meilleure amie.

L’acte de bonté un peu hardi qu’elle avait commis, à la face même de Jeanne, fut payé sur le champ par le regard de folle reconnaissance que Paul leva sur elle. Son rigorisme froid de travailleuse cérébrale avait fléchi soudain, devant la détresse d’amour qu’elle avait comprise dans cette âme d’homme, elle qui ne pouvait voir nul être souffrir. Dès maintenant, elle condamnait Jeanne à tout hasard et sans réflexion. Elle se tourna :

— Ma chérie, fit-elle très émue, je le devine, c’est vous qui avez fait peine à monsieur Tisserel.

— Si vous-saviez !… finit-il lui-même.

Dure et impassible, Jeanne Bœrk entendait tout dans une irritation secrète. Elle en voulait à Marceline. Debout entre celle-ci et le docteur, elle grattait de l’ongle, le long de son corsage, les plis de sa blouse ; l’étincelle de colère qui s’était rallumée dans ses yeux leur avait donné leur beauté absolue, et le frémissement qui était en elle prêtait à son aspect l’illusion d’une vie qu’elle ne possédait pas.

— Voyons, lui dit Marceline, vous qui êtes si bonne, Jeanne, laissez-vous toucher. Faites le sacrifice de votre orgueilleuse liberté, vous êtes tant aimée !

— Jamais ! prononça cruellement l’étudiante : jamais je ne perdrai conscience au point de compromettre ma vie pour une folie. Je sais ce que je veux, et je le ferai toujours. Au surplus, je trouve étrange, Marceline, vous qui pensez comme moi, de vous voir… oublier un principe qui est le vôtre même.

— On peut briser ses principes si en les brisant on n’atteint que soi. Le meilleur des principes est encore de se renoncer pour les autres.

Elle exaltait Tisserel à parler de la sorte. Il se sentait fort de cette alliée que lui envoyait le sort ; cette douce voix de femme, d’une femme presque inconnue plaidant sa cause, lui donnait un regain d’espoir et de passion. Marceline, oublieuse de le longue et sceptique théorie élaborée contre l’amour, l’autre jour, avec Jean Cécile, fut témoin de ce qui devait ébranler son cœur tendre, plus que tous les arguments du monde ; elle vit Tisserel souffrir d’amour ; elle entendit prononcer les mots qui se murmurent plus qu’ils ne se disent, qui sont moins des mots que des parcelles d’âme passant au bord des lèvres ; elle vit la splendeur de Jeanne et la prière extasiée de l’homme qui l’aimait, et elle avait envie de prendre de force les bras de son amie, de les ouvrir et de dire : « Venez ! »

Ce fut mademoiselle Bœrk qui parla.

— Le déjeuner des internes est sonné, dit-elle avec un grand calme, je vous fais mes adieux, docteur. Je regrette que vous soyez venu jusqu’ici pour un genre de scène que je déteste ; bons amis autrefois, nous ne pouvons plus l’être maintenant.

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il effrayé.

— Qu’il vaut mieux ne plus nous rencontrer désormais. Je vais demander à quitter le service, même l’Hôtel-Dieu, et à passer à l’hôpital des Enfants.

— Jeanne ! murmura-t-il, je ne vous verrai plus !

— Ce sera parfait, dit-elle avec son sourire, et surtout excellent au point de vue de ma carrière, ce changement de service.

Et elle le conduisit d’un air courtois vers la porte.

Il saisit la rampe de fer forgé qui dessinait sa spirale noire sur le pavé rose de l’escalier, et se mit à descendre lentement ; il descendit trois marches et se retourna : elles étaient encore dans l’embrasure de la porte, les deux amies, serrées l’une à l’autre ; la charmante Rhonans avec son sourire de bonté, écrasant sa silhouette imprécise de fourrure sombre sur le tablier blanc de l’interne. La main de Tisserel fit un geste de désespoir…

— Vous resterez, Jeanne, disait là-haut Marceline.

— En vérité, ma chère, je ne sais ce que vous avez aujourd’hui, répliqua Jeanne qui s’était ressaisie, mais franchement, je vous ai trouvée stupide.

— Il est possible que je le sois, Jeanne, aussi je m’en vais ; seulement, laissez-moi vous dire mon impression : les femmes ne doivent pas être faites pour abreuver de chagrin l’homme qui les aime, ainsi que vous en avez agi.

— Attendez donc que nous causions.

— Pas aujourd’hui, j’ai à faire.

Elle n’avait jamais connu le trouble qu’elle éprouvait. Il lui fallut, après cette visite, se rendre au lycée ; son travail lui était à charge. Il lui venait un ennui de tout. En parlant, en lisant, en corrigeant la tâche des petites lycéennes, elle avait toujours présent à l’esprit le cas de conscience de Jeanne. Quand elle fut revenue chez elle, au lieu de s’asseoir à sa table à écrire, comme elle en avait coutume, elle restait oisive dans sa chambre. Elle songeait à ce qu’elle avait vu : Tisserel aux pieds de Jeanne, l’aspect héroïque, farouche et douloureux de la passion, sa violence et sa douceur. Elle revoyait la belle et rigide statue qu’était demeurée son amie sous l’effusion de ce mystère sacré. Elle ne dédaignait plus : elle avait senti là quelque chose d’auguste et de délicieux, et dans le secret de son être, elle éprouva soudain la douleur nouvelle : l’envie de l’amour.

Elle fut jalouse de Jeanne. Non point pour les Splendeurs corporelles qu’elle possédait, ni pour ses traits, ses yeux royaux, dans la chair grasse et fine du visage ; mais pour l’inoubliable regard dont elle avait vu Tisserel les contempler. Ces yeux de l’amour, ils la suivaient partout, durant tout le jour. Elle ne prenait pas un livre qu’ils ne fussent derrière à la regarder, elle ne fermait pas les yeux que la vision n’en éclatât lumineusement au fond d’elle-même. Quand la nuit fut venue, elle continua de les voir. Elle était pleine d’une tristesse mortelle.