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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/781

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

que les vallées des Maures sont « la Provence de la Provence ». Ignorés de la foule, peu de sites méritent plus justement d’être admirés que Bormes, le cap de Col Nègré, l’anse de Cavalaire. À l’ouest de ce littoral s’arrondit la rade d’Hyères, et au sud se développe la rangée pittoresque des îles de cette rade, l’île du Levant, aux ravins boisés que l’on dit pleins de serpents, l’île haute de Portecros, et, à l’occident, Porquerolles.

En contournant, — par mer cette fois — la presqu’île de Gien, Jean et Jacob entrèrent en rade de Toulon.

Dans la Méditerranée, Toulon est la place forte, la grande station navale. Sa rade est sûre, grande et mise à l’abri d’une surprise par de nombreuses fortifications. Son arsenal maritime est inépuisable. Il occupe avec la ville le fond de la petite rade et la partie plane du Mourillon. Là, se dressent les vastes cales couvertes et les chantiers pour la construction des navires ; de ces cales ont été lancés ces superbes vaisseaux à trois ponts qui ont fait l’orgueil de notre marine avant la prépondérance des cuirassés, avant l’intrusion des torpilleurs.

Toulon, très agrandi dans ces trente dernières années, pour pouvoir contenir dans son enceinte ses 70,000 habitants, occupe l’étroite bande de terre que laissent les montagnes de moyenne hauteur qui, au nord et à l’ouest abritent la rade. Sa petite rade est continuée par la baie de la Seyne, localité où sont ouverts d’importants chantiers appartenant à la Société des forges de la Méditerranée : plusieurs milliers d’ouvriers y travaillent à la construction de grands navires en fer et en bois destinés soit à la marine militaire soit à la marine marchande ou de transport.

Sur la presqu’île qui contourne la rade, se trouve la position d’où Napoléon Bonaparte envoyé par la Convention démasqua ses batteries d’artillerie pour reprendre la ville aux Anglais. — Le cap Sépet, jeté comme un môle puissant en avant de la grande rade, renferme le Lazaret, très vaste hôpital, doté de magnifiques jardins, et appartenant à l’administration maritime. Tandis que Jacob colportait fructueusement sa balle dans les villages environnants, Jean visitait les arsenaux : la corderie, le magasin général, les bassins de radoub, la machine à mâter, le parc d’artillerie, émerveillé de cette production incessante, de cette abondance de matériaux et d’approvisionnements destinés aux flottes de guerre. Très fier et très heureux, le jeune homme surprenait là comme une artère de la France et sentait battre la pulsation. — Ce sentiment a été éprouvé avec la même intensité par l’auteur de ce livre, né à Toulon, et qui l’habitait encore à l’âge du petit