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CHAPITRE XIX

« L’AMOUR NE VEUT PAS ATTENDRE »


M. Robert Halt avait-il subitement conquis les bonnes grâces de Mme Marsy ? Quelques mots dits à propos par Hélène, sur l’existence de Mme d’Hervart et sur l’identité présumée de M. Halt avec son fils perdu, avaient-ils chatouillé orgueilleusement le cœur de cette mère de famille, entichée d’aristocratie ? Toujours est-il qu’en recevant avec sa fille la visite de M. Halt, Mme Marsy se rappela, au bout de quelques minutes, une affaire qui l’obligeait à laisser les deux jeunes gens en tête à tête.

Ni l’un ni l’autre ne lui en voulut ; et bientôt ils furent engagés dans une conversation qui leur fit oublier tout le reste.

— Pensez-vous bien, disait Hélène, que cet affreux homme est venu chez moi, et qu’il a osé me parler d’amour ? Je ne puis songer, sans rougir, que j’ai été en relations avec un forçat.

— J’ose à peine songer, reprit M. Halt, en se rapprochant, que j’ai été à deux doigts d’en être un, moi-même.

— Oh ! dit-elle en se tournant vers lui, avec un regard candide, cela n’était pas du tout la même chose.

— En quoi était-ce si différent, si j’avais été condamné T demanda M. Halt dont les yeux s’arrêtèrent sur la jeune fille, avec une expression passionnée.

— Quelle idée ! fit Hélène. Je ne sais vraiment pas comment nous en sommes venus à une question aussi singulière. Voulez-vous me jouer quelque chose, pour faire diversion, M. Halt.

— Qu’est-ce que vous voulez que je vous joue ?

— Tout ce qu’il vous plaira.

— Voulez-vous reprendre notre leçon interrompue : « L’amour attend » !

— Vous tenez donc bien à cette romance ? demanda Hélène en rougissant.