Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/101

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— Est-ce qu’elle vous déplaît ?

— Oh ! vous savez, dit-elle en riant, c’est à force d’en entendre parler. Mais je suis prête à l’essuyer tout de même, pour aujourd’hui.

M. Halt se mit au piano et commença à chanter.

On peint l’amour, un bandeau sur les yeux ;
L’amour aveugle ! Quel blasphème !
Me dit Sylvain, en regardant les cieux ;
J’y vois pourtant quand je vous aime !

Puis, il me dit d’une voix tendre,
L’amour est là, suivons ses pas,
Car l’amour ne veut pas attendre ;
Le temps perdu ne revient pas.

Les yeux du jeune homme étaient attachés sur ceux de Mlle Marsy, avec une expression qui disait éloquemment que chez lui du moins, l’amour n’était point aveugle.

Il se leva soudain, lui prenant la main et vint s’asseoir à côté d’elle, sur le canapé.

— « Non, l’amour ne veut plus attendre, » répétait-il, avec une voix qui eut pu remplacer la musique la plus délicieuse. Il s’est tu pendant que l’orage était sur nos têtes. Mais maintenant les beaux jours sont revenus. Voulez-vous, Hélène, que nous ne laissions subsister aucun nuage, entre nous ?

— Il n’y a jamais eu de nuage entre vous et moi, murmura-t-elle en lui abandonnant sa main.

— Hélène, chère Hélène, dites-moi, je vous en prie, que je n’aurai point espéré en vain !

— « Non, l’amour n’a plus besoin d’attendre, » dit-elle avec un charmant sourire, en se détournant à demi, pour dissimuler sa rougeur.

— Hélène, chère Hélène, dit M. Halt, en passant doucement son bras autour de la taille de la jeune fille, vous faites de moi, aujourd’hui, le plus heureux homme qu’il y ait sur la terre. Tournez vos jolis yeux de mon côté, je vous en prie. Il me manque un rayon de bonheur, quand je ne sens pas votre doux regard.