Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/38

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— Je ne sache pas, M. Turner, que rien ait jamais pu vous autoriser à me dicter ma manière d’être avec vous, ni à prétendre à autre chose qu’à l’accueil que je fais à tout le monde… selon mon humeur, ajouta-t-elle ironiquement.

— À tout le monde, excepté à votre maître de chant.

— Plaît-il ? Monsieur, fit Mlle Marsy en se levant subitement pendant qu’une vive rougeur colorait ses joues. Vous m’expliquerez, je pense, ce que vous voulez dire.

— Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai dit ; et vous savez que je n’ai que trop de motifs de parler ainsi.

— Je sais, monsieur, que les personnes que je reçois ne m’ont pas habituée à entendre des propos malséants, et que je ne suis nullement disposée à supporter vos impertinences.

Et Mlle Marsy se dirigeait vers la porte, avec une allure de reine offensée, lorsqu’elle entendit un mot qui la fit retourner.

— Vous savez très bien, disait M. Turner, que je n’ai pas eu l’intention de vous blesser, et que c’est moi au contraire qui suis fondé…

— Fondé à quoi ? Monsieur.

— À vous demander de déclarer, une fois pour toutes, qui de moi ou de votre maître de musique, il vous plaît d’admettre à aspirer à un rôle qui ne peut être tenu par deux personnes.

M. Turner était visiblement en proie à un emportement qui ne lui permettait pas de se rendre compte du tort irrémédiable qu’il venait de se faire à lui-même.

— Et si je vous demandais, à mon tour, sur quoi vous vous fondez, pour avoir la fatuité de me demander une explication ?

— Savez-vous seulement qui est ce Robert Halt, demanda ironiquement M. Turner, qui reprenait peu à peu son sang froid, pendant que Mlle Marsy commençait à perdre le sien.

— Je sais que c’est un parfait gentleman.

— Vous me permettrez cependant de vous dire que, pour faire un gentleman, il y a une condition plus indispensable que de rouler des yeux ou de savoir tourner un compliment.