Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/56

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En disant ces mots Mlle Marsy s’était levée et se tenait debout, appuyée sur le dossier de sa chaise, dans une attitude qui laissait clairement percer son peu de respect pour l’opinion de ce que sa mère avait appelé « notre monde ! »

— Qu’est-ce, fit Mme Marsy, avec un geste lassé, est-ce qu’il y a encore autre chose ?

— Oui, dit Hélène, d’une voix presque imperceptible.

— Qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus ?

— Si je vous disais, reprit la jeune fille, avec une agitation contenue, que M. Halt est victime d’une machination criminelle…

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire qu’il a été arrêté aujourd’hui — en ma présence — sous l’accusation de contrefaçon de billets de banque. Les billets ont été trouvés dans son appartement.

— Et vous osez encore le défendre !

— J’ai la conviction, — je sais qu’il est innocent, répondit Mlle Marsy avec assurance. J’ai donc raison de le défendre. Justice lui sera rendue ; et il ne saurait rien perdre dans mon estime, pour avoir été faussement accusé d’un crime qu’il n’a jamais commis.

— Votre imagination s’emporte, ma fille. Que faites-vous des preuves trouvées dans son appartement ?

— Je sais qu’il est victime d’une machination odieuse ; et je ne l’abandonnerai pas, tant que je croirai qu’il est innocent.

— Pensez à ce que vous dites, Hélène, fit Mme Marsy avec dignité. Il ne s’agit ni d’un de vos amis, ni d’une de vos relations, mais d’un simple maître de chant,… lequel paraît, d’ailleurs, avoir mis un obstacle insurmontable à la continuation de ses leçons ; à moins que vous ne songiez à aller les prendre dans sa prison, continua-t-elle avec une ironie dont l’amertume commençait à se faire sentir.

— Cela ne sera pas nécessaire, répondit tranquillement Hélène.