Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/78

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Il ne lui fallut pas vingt minutes pour se lier d’amitié avec le capitaine et avec tous les matelots, et pour avoir fait connaissance de la goélette depuis la proue jusqu’à la poupe. Un petit escalier conduisait à une porte-fermée à clé, et paraissant donner dans une pièce située à fend de cale, au centre du bâtiment. Le capitaine Langlois expliqua à Joe que c’était l’emplacement de la glacière, dans laquelle on transportait le poisson, à l’abri de l’air et de la chaleur. Notre ami n’en demanda pas davantage ; mais il nota avec soin qu’une autre ouverture située du côté de l’arrière, semblait communiquer avec la même pièce, au-dessus de laquelle s’élevait également un tuyau d’aération.

Il avait cru entendre, aussi, dans la prétendue glacière, un bruit de pas, qui ne lui avait point paru naturel ; et il avait constaté, dans une course rapide à travers le bateau, que l’effectif de l’équipage — ou tout au moins l’effectif visible — s’était réduit de plusieurs têtes, depuis l’heure du repas de midi. Mais, il garda pour lui ses observations ; et personne ne songea à soupçonner, dans ce petit pêcheur de rencontre, échappé par miracle à la noyade, un œil assez perçant pour pénétrer le mystère de la goélette.

Il continua, pendant deux heures encore, à se promener comme chez lui ; et il montra au capitaine, en grimpant sur le haut du mât avec une agilité peu commune, que s’il était mauvais rameur, il avait au moins quelques-unes des qualités d’un marin de profession.

Vers trois heures de l’après-midi, Joe parut remarquer une petite ville, dont on apercevait le clocher sur la rive droite du fleuve, et il demanda quel était le nom de cette localité.

— Sorel, répondit le capitaine Langlois

— Est-ce là que vous comptez me mettre à terre ? reprit le gamin.

— Vous avez donc envie de nous quitter ? — J’aimerais autant ne pas m’éloigner davantage de mon quartier général, et j’ai peur que ma famille ne soit inquiète de ce qui m’est arrivé, répliqua Joe d’un air innocent.