Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/79

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— Vous n’aimeriez pas à voyager avec nous et à devenir un vrai marin ?

— Je ne sais si j’aurais ce qu’il faut pour le métier, répondit Joe avec humilité. Pourtant, c’est dommage. J’aurais aimé à me distinguer et à recevoir en récompense quelque médaille… ou une jolie petite chaîne, comme celle que vous portez à votre gilet.

C’est à peine si la chaîne, en question, apparaissait à un demi pouce de hauteur, au dessus de la poche du capitaine ; et l’affirmation que Joe venait de faire de sa beauté ne pouvait être due qu’à un instinct de divination.

— Vous aimeriez peut-être à gagner à la fois la chaîne et la médaille ? Et le capitaine tira de sa poche, en souriant, une chaîne d’un travail tout particulier, au bout de laquelle pendait une petite médaille en bronze.

Les yeux de Joe brillaient comme des escarboucles.

— Laissez-moi l’essayer, dit-il, en donnant tous les signes d’une Vive et enfantine admiration ; et sans attendre la réponse il saisit la chaîne que le capitaine tenait à la main et la passa autour de son cou.

— Vous êtes un impudent petit vaurien, fit le capitaine moitié riant, moitié fâché. Rendez moi cette médaille.

— Vous ne voudriez pas me la reprendre, reprit Joe, de sa voix la plus caressante. Vous me devez bien un cadeau pour mon canot que vous avez coulé à fond.

— Rendez cela immédiatement, reprit le capitaine, qui fit un brusque mouvement pour se saisir du gamin.

Mais Joe, au lieu de lui répondre, se mit à courir sur le pont, avec l’agilité dont il avait déjà donné des preuves remarquables ; et, saisissant un des cordages, il se mit à grimper avec une rapidité telle qu’il fut en un instant au sommet du grand mât.

Malheureusement pour lui, cette position n’était pas imprenable ; un des matelots était en train de grimper derrière lui et, sur un signe du capitaine, un autre s’élança sur le cor-