Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On vient de voir, par le compte rendu du procès et de l’acquittement de M. Robert Halt, que le programme dicté par Joe aux détectives s’était accompli de point en point.

Pendant la journée qui avait suivi leur dernier entretien, Joe n’avait pas cessé de surveiller le port. Grâce à Dieu, son attente n’avait pas été déçue. À la fin de l’après-midi, il avait vu apparaître la goélette mystérieuse.

Un matelot en était vivement descendu, et s’était dirigé vers le bureau de M. Turner.

De ce côté, Lafortune veillait. Il vit entrer le matelot dans le cabinet de l’avocat, et à sa sortie, il entendit à travers la porte entr’ouverte, M. Ralph Turner qui lui disait : « N’oubliez pas ma réponse pour le capitaine ; c’est convenu : qu’il attende à minuit. »

Au lieu de se présenter lui-même chez M. Turner, l’homme aux cheveux roux lui donnait rendez-vous à bord de la goélette. Il était évident qu’il n’avait aucune envie de se montrer sur la terre ferme, avant d’avoir conféré avec M. Turner, sur la nature du péril que semblaient révéler, à la fois, son brusque rappel télégraphique et l’étrange incident du gamin, qui lui avait si singulièrement faussé compagnie aux environs de Sorel.

Peut-être, ce soir-là, les contrefacteurs devaient-ils se trouver réunis, pour la dernière fois. Joe courut avertir les détectives ; et il fut convenu qu’une escouade d’agents se tiendrait prête à agir, à onze heures et demie du soir. Le rendez-vous était fixé, dans une chambre dont Joe était devenu locataire, depuis une huitaine de jours, et qui donnait sur le quai, en face du lieu où la goélette était amarrée.

À minuit moins quelques minutes, nos hommes virent M. Turner traverser le quai. Un falot parut sur le pont de la goélette. Puis tout rentra dans l’obscurité.

L’heure décisive avait sonné.

Comme un grand capitaine, Joe distribua à chacun son rôle.

Il importait de ne pas donner l’éveil aux bandits.

Joe décida, sans hésiter, qu’il y avait lieu, pour lui, de prendre un quatrième bain. Il annonça qu’il avait résolu de pénétrer d’abord seul dans la goélette, en se hissant