Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/98

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M. Turner allait-il prendre congé de l’homme aux cheveux roux ? Allait-il faire une dernière visite à la glacière ?

— Joe attendit avec anxiété. Les deux hommes marchaient d’un pas régulier vers l’escalier qui conduisait à la cale ; et quelques secondes après, on entendit une porte se fermer.

La chance se prononçait, encore une fois, contre les bandits.

Le mouchoir fut hissé à la hâte.

Heureusement, les précautions étaient merveilleusement prises. En moins de deux minutes, la goélette était envahie et chacun était à son poste.

Alors, Joe se dirigea vers la porte par laquelle M. Turner et l’homme aux cheveux roux venaient d’entrer, quelques instants auparavant. Il frappa résolument un premier coup, puis un second et comme personne ne répondait « Ouvrez au nom de la loi cria-t-il d’une voix stridente, sinon nous allons défoncer la porte. »

Au même moment deux coups de marteau frappés par les agents s’abattirent sur la porte. Les coups redoublèrent et un bruit significatif indiqua que la porte ne tarderait pas à céder.

Mais Joe, laissant les agents à leur besogne, était précipitamment remonté sur le pont et se dirigeait en courant du côté de la seconde ouverture de la cachette. Devant cette ouverture, Harrison attendait silencieusement avec trois hommes.

Cette fois encore les prévisions de Joe ne l’avaient pas trompé.

Les bandits, n’ayant entendu frapper qu’à l’une des deux portes, pensèrent naturellement que l’autre était restée libre. C’était d’ailleurs la seule issue par laquelle ils pussent tenter de s’échapper.

Bientôt cette porte fut entrebâillée, sans bruit, de l’intérieur de l’atelier. Puis, comme si celui qui venait de l’entr’ouvrir eût hésité à s’aventurer au dehors ou aperçu quelque ombre suspecte, il tenta de la refermer.

Mais, plus rapide que l’éclair, Harrison avait glissé entre la cloison et la porte entr’ouverte un corps solide et faisant levier.

Les contrefacteurs étaient pris, comme dans une souricière !