Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
JOURNAL

— Vous n’êtes pas bonne, vous êtes ma cousine et vous lui parlez toujours.

— Il est mon ami d’enfance, et vous, vous êtes un charmant gommeux d’un jour.

Il se trouva que nous nous souvenions des moindres choses.

— Nous étions enfants tous les deux, mais comme on se souvient de tout cela quand on a été enfant… ensemble, n’est-ce pas ?

— Oui.

M… est un vieillard comme esprit ; il est si étrange d’entendre ce garçon frais et rose parler des choses sérieuses, domestiques, utiles ! Il me demanda si j’avais une bonne femme de chambre, puis :

— C’est bien que vous ayez tant étudié, pour quand vous aurez des enfants…

— Voilà une idée.

— Et quoi, n’ai-je pas raison ?

— Oui, vous avez raison.

— Voici votre oncle Alexandre, me dit mon père.

— Où ça ?

— Là, en face.

En effet, il était là avec sa femme.

L’oncle Alexandre vint chez nous, et mon père m’envoya chez la tante Nadine dans le prochain entr’acte. Cette chère petite femme est contente, moi aussi.

Dans un entr’acte j’allai au jardin avec Paul, et mon père courut après moi et me prit le bras.

— Tu vois, me dit mon père, comme je suis aimable envers tes parents : ça prouve que je sais vivre.

— Très bien, papa ; qui veut être bien avec moi doit faire mes volontés et me servir.

— Ah ! non.

— Ah ! si ; c’est à prendre ou à laisser ; mais avouez