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JOURNAL

— Oui, mais que faire ?

— Il faut, tu as assez d’esprit pour cela et même pour davantage, il faut dire… faire comprendre ; il est bête, mais il comprendra cela. En un mot, il faut… Une fois à dîner, j’aiderai et tu raconteras une histoire ou bien n’importe quoi.

C’était ma pensée.

— Nous verrons, mon frère !


Alexandre a été au théâtre après nous et a entendu parler de l’arrivée de « la fille de Bashkirtseff qui est une grande beauté ».

Dans le foyer, il fut entraîné par Gritz, qui parla de moi avec enthousiasme.

Je ne pus m’empêcher de faire tableau sur le grand escalier. Je m’assis au milieu ; les messieurs qui montaient avec moi s’assirent plus bas sur les gradins et le prince s’agenouilla. Avez-vous vu la gravure représentant l’Éléonore de Gœthe ? c’était ça, même mon costume. Seulement je ne regardais personne, je regardais les lampes.

Si Paul n’avait pas éteint l’une d’elles, nous serions restés longtemps ainsi.

Bonne nuit. Ah ! que je m’ennuie !


Mercredi 30 août (18 août). — Pendant que les jeunes gens étaient à la poursuite de la gouvernante avec le feu d’artifice qu’ils lui lançaient dans les jambes, la princesse, Alexandre et moi parlions du pape et de Rome.

Je faisais l’inquiète, disant que le cardinal était décédé.

J’ai rêvé que Pierre A… était mort. Je m’approchai de son cercueil et lui mis au cou un chapelet