Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/383

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changement sur sa calme et angélique figure, et elle répondit avec une parfaite simplicité :

« Merci, cher cousin, de ce que vous me dites là. — J’espère, je crois que vous vous rappellerez ma prière. »

La cloche du dîner, en sonnant, mit fin au tête à tête.


CHAPITRE XXV.

Sinistres présages.


Deux jours après, Alfred et Augustin Saint-Clair se séparèrent. Éva, que la compagnie de son cousin entraînait à des exercices au-dessus de ses forces, commença dès lors à décliner rapidement. Pour ne pas admettre une vérité douloureuse, son père s’était refusé avec terreur à recourir aux médecins : — cette fois il y consentit. Depuis deux jours, Éva, trop souffrante, n’avait pu sortir de chez elle ; le docteur fut appelé.

Marie Saint-Clair, toute absorbée dans l’étude de deux ou trois nouvelles maladies dont elle se croyait victime, n’avait fait nulle attention au dépérissement graduel de sa fille. Pour premier article de foi, elle se tenait assurée que jamais personne n’avait souffert et ne pouvait souffrir comme elle, et autant qu’elle. La moindre insinuation que quelque autre pût être malade sous son toit, était repoussée avec une indignation virulente. « Ce n’était rien que paresse, manque d’énergie. Ah ! si l’on avait la dixième partie de ses maux, on saurait ce que c’est ! on sentirait la différence ! »

Plusieurs fois miss Ophélia essaya d’éveiller les craintes maternelles ; ce fut en vain.

« Je ne vois pas, répondait Marie, qu’Éva ait la moindre des choses ! elle ne fait que causer et jouer.

— Mais, sa toux…

— Sa toux ! Ce n’est pas à moi qu’il faut parler de