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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/74

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AURORA FLOYD

CHAPITRE XXV

Ce qui s’était passé dans le bois.

L’homme à la tournure de marin qu’on voyait nu-tête au milieu du vestibule était le Capitaine Prodder. Les visages effarés des domestiques réunis autour de lui disaient, plus que les paroles qui s’échappaient avec difficulté de ses lèvres brûlantes, la nature des nouvelles qu’il apportait.

Mellish s’avança au milieu du vestibule avec un calme effrayant, et, écartant de son bras vigoureux le groupe de valets, comme un vent furieux sépare la vague gonflée et menaçante, il vint se placer en face de Prodder.

— Qui êtes-vous ? — demanda-t-il froidement, — et qui vous amène ici ?

L’officier indien avait été réveillé par le bruit et était sorti rouge et les cheveux hérissés pour prendre part à ce qui venait de se passer.

Il y a des plats à la sauce desquels tout le monde veut mettre la main. C’est une grande satisfaction, après qu’une convulsion sociale quelconque est passée, de pouvoir dire : « J’étais là quand la scène eut lieu, monsieur ; » ou bien : « J’étais aussi près de lui quand il reçut le coup que je le suis de vous en ce moment. » On est généralement porté à tirer vanité de ces étranges choses. Un vieux monsieur de Doncastre, en me montrant son appartement, me fit savoir avec une satisfaction évidente que William Palmer y avait logé.

Le Colonel Maddison poussa de côté sa fille et le mari de celle-ci pour pénétrer plus vite dans le vestibule.

— Allons, mon brave homme, — dit-il, répétant les paroles de John, — faites-nous savoir ce qui vous amène ici à une heure aussi indue.