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LA FEMME DU DOCTEUR

ment particulier à cette période indécise lui donnait un air agressif et hargneux qui s’harmonisait avec deux grands yeux noirs et une chevelure d’un noir bleuâtre en désordre. Il croyait toujours qu’on le regardait avec dédain et s’efforçait de répondre au dédain d’autrui par un dédain plus grand. Il toisa George à son entrée, mais il ne daigna pas lui parler. George avait six pieds : cela suffisait pour le lui rendre odieux.

— Tu vas bien, Horace ? — dit Smith d’un air gracieux.

— Et vous, jeune homme, — dit le gamin d’un air dédaigneux, — comment allez-vous ?

Horace marcha le premier et se dirigea vers la maison. On monta un perron conduisant à une porte vitrée. Autrefois, lorsque les vitres étaient claires et brillantes, que le treillis au-dessus était couvert de roses grimpantes et de clématites, c’était peut-être joli ; mais les clématites étaient desséchées et les roses luttaient contre les étreintes étouffantes des rameaux de convolvulus qui s’enroulaient comme des serpents autour des branches et qui détruisaient les pousses et les boutons sous leur pernicieux contact.

Le jeune Horace ferma violemment la porte de la maison, comme il avait fermé celle du jardin. Il se faisait une loi de faire toute chose avec fracas ; c’était une façon de manifester son mépris pour les hommes.

— Maman est dans la cuisine, — dit-il, — les enfants sont dans les champs à enlever un cerf-volant, et Izzie est dans le jardin.

— Ton père est-il là ? — demanda Sigismund.

— Non, il n’y est pas, grand homme ; vous le savez bien. Quand l’avez-vous trouvé ici à cette heure de la journée ?