Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
LES OISEAUX DE PROIE

« M. Goodge tomba alors dans une profonde méditation.

« — Je n’ai pas l’habitude d’agir sans réfléchir, commença-t-il.

« Je sentis que j’allais avoir à subir un petit speech professionnel.

« — Les créatures de premier mouvement sont les enfants de Satan, les descendants de Lucifer, les fils de Belzébuth. Je me consulte dans le silence de la nuit et j’attends les inspirations de la sagesse dans l’obscurité, à mes heures d’insomnie. Il faut que vous me donniez le temps de peser cette affaire dans mon esprit et que vous preniez patience.

« Je répondis à M. Goodge que j’attendrais volontiers sa convenance pour tous les renseignements qu’il pourrait me donner.

« — Voilà qui est bien, dit le pasteur, les gens du monde s’élancent en aveugles dans la vie comme le lion dans les forêts. Je ne les imite pas. Il est probable, n’est-ce pas, que les renseignements que je vous fournirai seront une source de profit pour celui qui vous emploie ?

« Je commençai à comprendre que mon ami Goodge et le recteur de Dewsdale étaient deux personnages fort différents, et que je devais diriger mon jeu en conséquence.

« — Cela dépendra de la nature de ces renseignements, répliquai-je diplomatiquement. Ils peuvent nous être utiles ou inutiles.

« — Et dans le cas où ils vaudraient quelque chose ?

« — Dans ce cas, celui qui m’emploie serait certainement disposé à rémunérer la personne qui les lui fournirait.