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LES OISEAUX DE PROIE

était un fait accompli ; l’argent qui en provenait était déposé chez le banquier de Tom ; mais on n’avait rien fait pour trouver une autre terre en remplacement de celle que son père et son grand-père avaient exploitée avant lui. Il était allé chez des agents d’affaires et avait rapporté chez lui des plans de domaines, lesquels, chacun dans leur genre, paraissaient réunir toutes les perfections désirables : mais, en attendant, il n’avait encore vu aucune de ces merveilles. Il attendait que temps fût plus favorable pour aller faire un tour dans l’Ouest. Pendant qu’il attendait, le mois de mars faisait des siennes ; à dire vrai, il n’était guère propice à un voyage. La pluie, le vent, la grêle faisaient rage ; il aurait fallu s’arrêter en route, piétiner dans la boue des fermes. On prit le parti de rester au logis ; à quoi la camaraderie ne perdit rien, au contraire. Le temps, aidé par des parties de cartes chez George, les autres parties chez quelque autre, les promenades du matin à Newmarket, les soirées là où il y avait quelque chose de curieux à voir, et les autres soirées dans des endroits inconnus ; le temps, dis-je, passait très-vite pour Halliday. C’était au mieux, mais la paix de son ménage se troublait de plus en plus.

Ce fut un soir, à la fin de la troisième semaine, que Sheldon quitta pour la première fois son cabinet et monta au salon où la pauvre Georgy était occupée à son éternel travail de couture, cet honnête travail à l’aiguille qui vient si à propos protéger les matrones contre les dangers de la solitude.

Sheldon apportait un journal du soir.

« Voici un compte-rendu de l’ouverture du Parlement, dit-il, vous serez peut-être bien aise de le lire… Je voudrais avoir un piano pour le mettre à votre disposition,