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LES OISEAUX DE PROIE

ou, dans mes connaissances, quelque dame qui pût vous tenir compagnie. Je crains que ces longues soirées de mars ne soient bien tristes pour vous, pendant que Tom est dehors.

— Elles sont fort tristes, en effet, répondit Georgy d’un ton chagrin, et Tom ne me laisserait pas seule ainsi tous les soirs, s’il avait quelque estime et quelque affection pour moi, mais il n’en a aucune. »

Sheldon déposa le journal et s’assit en face de son hôte. Il garda le silence pendant quelques instants, battant machinalement la mesure avec le bout de ses doigts sur la vieille table d’acajou ; enfin, souriant à demi, il dit :

« Cependant, Tom est assurément le meilleur des époux. Je sais qu’il s’est un peu dérangé depuis qu’il est à Londres, mais vous savez qu’il n’y vient pas souvent.

— Il est absolument le même à la maison, répondit tristement Georgy. Il va continuellement à Barlingford avec l’un ou l’autre ou pour y retrouver d’anciens amis. Certainement, si je l’avais mieux connu, je ne l’aurais jamais épousé.

— Comment, je croyais que c’était un si bon mari. Il me disait, il y a peu de jours, qu’il a fait un testament par lequel il vous laisse tout ce qu’il possède, et comme quoi il a fait assurer un capital de cinq mille livres sur sa vie.

— Oui, je sais tout cela ; mais ce n’est pas là ce que j’appelle être un bon mari. Ce n’est pas son argent que je désire. Je ne veux pas qu’il meure. J’ai seulement besoin qu’il reste chez lui.

— Pauvre Tom ! je crains bien que cela ne soit pas dans sa nature. Il aime le mouvement et le plaisir. Vous avez épousé un homme riche, Mme Halliday. Vous l’a-