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PROPOS JAPONAIS

Nous étions toujours sur la haute colline, suivant une longue route assez semblable à la première. Bientôt, dans une immense plaine, nous apparut le village de Hiroshima, encore enveloppé dans une petite brume diaphane, que le soleil, toujours à demi voilé, n’avait pas réussi encore à dissiper. Ce village n’est pas très populeux. Les habitants, à peu près tous fermiers, ont leurs demeures sur leurs terres respectives. Au milieu de ce petit groupe de maisons, il y a une chapelle catholique, avec une maison pour le missionnaire résidant. C’est elle que je cherchai d’abord des yeux, en apercevant le village. Hélas ! elle est trop petite pour être reconnue à distance, et puis, du côté d’où nous venions, elle est cachée par de grands arbres qui entourent le temple shintoïste de l’endroit, situé tout près. Il fallut donc attendre d’avoir traversé tout le village avant de pouvoir l’apercevoir. Enfin, elle nous apparut dans son honnête pauvreté. Devant la façade, un joli parterre planté de petits arbres et de fleurs ; à côté, la demeure du missionnaire et celle du catéchiste.

Le missionnaire, averti déjà de notre venue, nous attendait. Il nous reçut avec joie et nous fit entrer. Aussitôt nous nous rendîmes à la chapelle pour faire une première visite au bon Dieu. L’intérieur de cette chapelle est aussi simple et aussi pauvre que l’extérieur ; mais tout est propre et entretenu avec soin et piété. Assurément, c’est là un grand sujet de consolation pour le cœur de Notre-Seigneur, d’autant plus que cela n’est pas seulement dû au zèle du missionnaire, mais encore à la piété des chrétiens. Ce sont eux, en effet, qui ont fait construire à leurs frais cette chapelle ; et depuis, s’il y a une réparation à faire, ils voient eux-mêmes à en