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peuple japonais, à l’aide de sa doctrine de la rédemption de sa morale. La rédemption bouddhique a deux phases : la transmigration des âmes et l’admission dans le Nirvâna. La transmigration des âmes comprend un cycle de six mondes : le monde des passions inassouvies (gaki), des animaux (chikuskô), de l’enfer (jigoku), de la force brutale (shúra), des hommes (jus), des êtres célestes (ten). Ce sont ces six mondes qu’il faut traverser avant d’arriver au Nirvana. Le Nirvana japonais est tout différent du Nirvana du bouddhisme originel ou indien. Au lieu d’être une absorption dans le néant, il signifie, en un sens positif, l’obtention de la dignité de Bouddha, et désigne un séjour de félicité, peuplé des innombrables Bouddhas des générations antérieures.

La morale du bouddhisme japonais est du confucianisme, non pas purement politique ou utilitaire, comme chez les nobles, mais amalgamé au polythéisme de la nation. Cette doctrine, toute rédigée sous forme d’aphorismes, enseigne que le devoir a quatre objets principaux : les parents, l’humanité, le souverain, la religion ou le Bouddha. Un catalogue de dix commandements explique aussi en détail ces quatre devoirs. Mais pour le commun du peuple, tout se résume dans les Gokai et les Gorin. Les Gokai sont les cinq principaux commandements : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas s’adonner à la luxure, ne pas mentir, ne boire aucun spiritueux. Les Gorin sont les « cinq relations humaines » entre prince et sujet, parents et enfants, mari et femme, frères et sœurs, amis et amis.

La jeune génération est moins bien partagée au point de vue morale. Les raisons en sont la renaissance du shintoïsme et l’école athée.