Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
DANS UNE BONZERIE

cependant personne ne paraît y trouver à redire.

Mais au moment où les bonzes font leurs prostrations au son des tambours et des cymbales, les assistants s’unissent activement cette fois et répètent durant tout ce temps une courte prière dont voici les termes : Namu myôtô renge kyô. Voici le sens de cette formule : « Je t’adore, ô loi admirable, ô doctrine de la fleur de lotus. » C’est du moins le sens littéral ; quant au sens intime, à l’objet même de cette invocation, les mots ne semblent pas l’indiquer d’une façon précise ; et si l’on interroge là-dessus les mieux renseignés au sujet des doctrines et des pratiques du bouddhisme, ils déclarent n’en rien savoir ; à plus forte raison les autres, dont la plupart ne savent pas même prononcer correctement ces sept syllabes. En tout cas, à peu près tous ces gens murmurent quelque chose et, pendant qu’ils disent cette prière, ils joignent les mains, entre lesquelles ils tiennent une sorte de chapelet, nommé juzu, qu’ils frottent à plusieurs reprises en inclinant la tête. Quelques uns des vieux et des vieilles surtout accomplissent cette cérémonie avec une véritable ferveur. Pauvres gens ! Ils ne savent pas autre chose ! Assurément, leurs hommages s’en vont tout droit vers le seul et vrai Dieu, qu’ils croient d’ailleurs trouver dans leurs idoles !

Il y eut encore une autre cérémonie qui mérite d’être mentionnée. Depuis quelque temps, j’avais remarqué plusieurs personnes qui assiégeaient un écrivain officiel, installé un peu en arrière des assistants. Contre de l’argent qu’on lui donnait, cet homme écrivait quelques caractères sur des petites planchettes que les intéressés allaient placer dans une corbeille, devant l’autel improvisé. Ces planchettes s’appellent toba ; d’un côté,