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PROPOS JAPONAIS

règne de Jésus-Christ. Or, durant cette première période qui va de 1549 à 1640, le résultat des travaux apostoliques fut considérable. À un moment, on comptait environ un million de fidèles. Parmi ces nouveaux convertis se trouvaient même des personnages importants, illustres, comme ces deux bonzes célèbres de Myako, venus pour discuter avec les missionnaires et qui, gagnés à Jésus-Christ, répandirent ensuite la foi chrétienne à travers villes et bourgades. Les maisons des nobles abritaient aussi des chrétiens tels que le Daimyo d’Omura, celui d’Amakuso, celui des îles Goto ; c’est encore Takayama, célèbre homme de guerre et son fils, le prince Justo, maréchal de la garde impériale, et aussi plus de cent autres seigneurs convertis par Takayama lui-même.

Cependant, la plupart des bonzes ne désarmaient pas. Au contraire, leur colère grandissait à mesure que le christianisme se propageait. D’autre part, le pays, longtemps livré à l’anarchie, allait retrouver une certaine unité nationale. Or, la réunion de ces deux causes allait déchaîner la plus terrible persécution que l’Église ait jamais consignée dans les annales de son histoire.

Cette persécution, en effet, fut si violente qu’on pourrait plutôt l’appeler une destruction. Cependant, si féroce qu’elle fût, elle n’allait pas parvenir à tout ruiner, à tout anéantir. Un petit nombre de chrétiens allaient se terrer et continuer à travers les siècles une indissoluble tradition.

Pourtant, on n’épargna rien pour empêcher cette survivance.